03 juin 2020

Notre coup de cœur de l’année 2019 : le débarquement en Suzuki Jimny

Cet été, juste avant de créer Road-Story et quelques mois avant le début de site internet, nous avons emprunté un Suzuki Jimny...pour débarquer. Nous avons fait un joli road-trip pour suivre les festivités du 75ème anniversaire du débarquement de Normandie. Alors, peut on débarquer en Jimny ?

Retrouvez la version audio ( Podcast de cet article à la fin de cette page )

Jimny le roi de la ville 
C’est à Trappes, chez Suzuki France que je récupère la bestiole. Pas une nouveauté pour moi puisque je l’avais essayé quelques mois auparavant en Allemagne, lors des journées presse internationales. Plus que séduit, j’étais carrément tombé amoureux. La grosse session 4X4 qui avait clôt l’événement avait fini de me convaincre du bien fondé de cette nouvelle génération de Jimny. Mais que vaut il à l’usage? Si il est facile de tomber sous le charme pendant une journée d’essai, qu’en était il sur une semaine?

Le Pont de Sèvres est déjà bien encombré quand je quitte Boulogne. Mais dans ces conditions, le Jimny s’en sort pas mal. On est assis haut, et surtout sa toute petite taille, (3m48, contre 3m61 pour une Twingo) lui permet de se faufiler vraiment partout. La direction est parfaite en ville et ses formes carrées parfaites pour se garer à la place d’une Smart.  Après un petit détour par le bureau de Road-Story à Boulogne-Billancourt, l’heure est venu de rejoindre la Normandie, direction Omaha, via l’A13. 

Un cas trop rare de design intelligent 

Le coup de coeur est immédiat. Le Jimny s’inspire intelligemment du passé de Suzuki et rappelle la génération vendue chez nous dans les années 80 sous le nom Santana Samuraî. La réussite est totale. A l’intérieur ça fonctionne également avec deux gros compteurs carrés, évocation là aussi du Samouraï. La planche de bord est basique, en plastiques durs, et ne cherchant pas à en mettre plein la vue. Mais ça fonctionne, et ce sera toujours là dans 20 ans. C’est fait pour durer et c’est là toute la philosophie de cet engin.

Le design est au service de la fonction, plus que du style. Petite concession, un bel écran tactile, aux informations claires et lisibles. A l’arrière les places sont modestes mais pas non plus ridicules. Deux adultes peuvent y voyager sans trop de contorsions. Par contre il faudra choisir entre passagers et bagages. Le coffre est quasi inexistant et fait figure de grosse boîte à gants. Détail qui montre le soin dont à fait l’objet l’étude du Jimny, toutes les commandes sont conçues pour être manipulées avec des gants. Un détail qui parlera aux montagnards ainsi qu’aux professionnels. 

A l’épreuve de l’autoroute 

C’est ici que forcément ça se complique. Le faible empattement du véhicule, conjugué à sa hauteur, la forme de brique et sa sensibilité au vent latéral ne font pas du Jimny le roi de l’autoroute. Il n’en est pas dangereux pour autant, mais il convient d’être vigilant. D’autant que la direction n’est pas faite pour rouler à 150. La trajectoire devient vite imprécise, et les embardées latérales sauront vous ramener à la raison rapidement. Après le premier péage je décide de continuer mon périple en prenant la nationale 13, beaucoup plus adaptée au véhicule. 

La nationale 13 n’a rien à envier à la 7 

“L’ancienne RN13” comme disent les gens ici est déserte. Quelques rares poids lourds sortent de l’autoroute pour faire une halte dans un des restaurants routiers survivants. Pour moi la pause sera pour plus tard, le petit Jimny se montrant étonnamment confortable. C’est la plus grosse surprise de cette semaine. Les sièges sont bien étudiés, le bruit finalement assez contenu et la position de conduite agréable. Au volant du Suzuki, on envisage la route autrement. Je profite d’une station pour prendre une photo, je m’arrête prendre un café dans un bar resté dans son jus. La nationale 13 n’a rien à envier à la 7 avec ses lieux pittoresques, ses vieilles publicités peintes et ses garages abandonnés.  Une autre façon de voir la route, limitée à 80 km/h. Croyez le si vous voulez, mais même en Jimny c’est assez compliqué à tenir. Heureusement les nombreux radars fixes entre Paris et Caen sont tous cramés, et c’est très bien comme ça. De toute façon c’est la guerre, c’est le but du reportage. 

Omaha la sanglante 

A notre arrivée au Camping des Pommiers à La Cambe, les festivités ont déjà commencé. C’est tous les ans un véritable camp qui se monte avec tentes militaires et surtout les véhicules qui vont avec. GMC, porte char, Command Car ou encore Jeep en pagaille. Ca tombe bien car Jeep France organise une opé presse à l’occasion du débarquement. J’invite donc quelques confrères à boire le café et échanger. Leur Jeep Compass se font à merveille dans le décor. Ici à 3 kilomètres de la Pointe du Hoc c’est l’amérique.

J’en profite pour interroger Jack Stouvenin, venu faire un reportage pour l’excellent Retro Passion Magazine. Finalement on tombe d’accords, même si le garçon est fan de Jeep, il n’est pas insensible au charme de ma petite Suzuki. Premier élément de réponse à ma question “en 2019, est ce que le Jimny n’est pas ce qui se rapproche le plus de la Willys?”

Zone interdite, zone interdite

Tous les 5 ans, c’est le même cérémonial, les alentours d’Omaha, de la Pointe du Hoc ou du Cimetière américain de Colleville sur mer sont systématiquement fermés à la circulation. Plus exactement, cette année une zone interdite est délimitée entre La pointe du Hoc d’un côté, Port en Bessin de l’autre, formant une bande de quelques kilomètres de large. Impossible d’entrer dans cette zone, compliqué d’en sortir, sauf pour Road-Story, parce que j’habite à l’intérieur de la zone. C’est donc armé de mon Jimny et de l’indispensable Sticker faisant office de laisser passer que je pars en direction des mythiques plages. Peu de chances de croiser Elisabeth two ou Donald Trump, d’autant que je choisis les chemins de traverse.

C’est le terrain de jeu du Jimny. Sur les chemins de terre avec l’herbe au milieu, spécialité Normande, le Suzuki s’en sort à merveille. Le confort est bon, bien aidé par les suspensions faites pour ça. Le moteur est souple, reprend à bas régime, et se montre largement assez nerveux pour l’engin.

Après plusieurs kilomètres hors bitume, je me retrouve sur la route d’Omaha. L’endroit est absolument désert. Aucune voiture croisée en plusieurs kilomètres. Quand tout à coup, je me retrouve au milieu d’un immense convoi de véhicules militaires d’époque. On me laisse passer, le Jimny a rempli sa première mission : se fondre dans la masse. Avec sa robe sable, personne n’a l’air de capter que je ne suis pas du tout prévu au programme des festivités. Le Jimny c’est le command car de 2019

Arizona & Dog Green Camps

Pendant le mois de juin sur la côte Normande le spectacle est partout. De nombreuses manifestations sont organisées par des passionnés de véhicules et de reconstitution militaire. Le Dog Green Camps à Vierville-sur-mer est un des endroits à ne pas louper. De nombreux chars, des Jeep à n’en plus finir, des dizaines de passionnés en costumes d’époque ou en uniforme. Il y a de tout, en grosses quantités, et dans des états impressionnants.

A Carentan, le camp Arizona est encore plus grand, encore plus beau et mon petit neveu s’en donne à coeur joie en jouant au bazooka. Faut bien occuper les gamins. Le spectacle est partout, pourtant nombreux sont les promeneurs à s’attarder sur le Jimny sable garé à proximité du camp entre une Willys et des Harley-Davidson d’époque.

Le Jimny a une bonne gueule, il est petit, et comme tout ce qui est petit, il est mignon. De mémoire d’essayeur, il est rare d’avoir un véhicule qui dégage un aussi grand capital sympathie. Surtout à une époque où l’automobiliste est considéré comme le pire des individus et les 4X4 comme des armes de destruction massive. Mais je rappelle qu’ici c’est la guerre et qu’en cas de guerre on est toujours bien contents de voir un 4X4 débarquer. 

On a débarqué en Jimny

Au milieu du camp, après avoir interrogé le sosie de Bruce Willis je retrouve un hollandais passionné de Hummer. Will est un 4X4 addict et vient à chaque commémoration en Humwee. On peut rouler en Humwee en France

Quand je lui demande de venir voir le Jimny, il tombe en arrêt devant la bestiole. Je sens bien qu’il est partagé entre fou rire et l’envie d’en apprendre plus. “Je le voyais quand même plus grand”. Quand je lui explique que le Jimny vaut 30 000 € de moins que le moins cher des Wrangler, Willy cesse de ricaner. “Il faut essayer de débarquer avec ça”. 

Sherman ou Jimny ? 

Les festivités se terminent par une défilé de véhicules militaires hors du commun. Plus de 400 véhicules, beaucoup de chars, de GMC, de Jeep. De quoi transformer Grandcamp Maisy, ville de départ en ville musée. Mais c'est dans un autre musée que nous nous rendons pour le voir passer. Le Musée de la RN13-Station 70 se trouve à Osmanville, à quelques km d'Omaha. Un lieu unique, qu'il convient de visiter. Le patron, Luc, vous recevra de la meilleure des manières, c'est à dire avec humour et bienveillance. Je pose le Jimny en bordure de RN13, le bitume se met à vibrer, un bruit sourd transperce les marais, les premiers chars arrivent au loin. Ils s'immobilisent dans le bourg du village. L'odeur, le bruit, le gigantisme de ces engins de mort devenus des témoignages vivants, vous feront dresser les poils. 

Une belle surprise 
Après une semaine passée en compagnie du Jimny, l’heure est venue de le rendre à Suzuki. C’est plutôt rare, mais j’ai pas envie de le rendre. Normalement, au bout d’une semaine on commence à se lasser des véhicules qu’on emprunte. On leur trouve des petits défauts, parfois des gros. Non seulement le Jimny correspond parfaitement à l’idée que je me fais d’une Jeep moderne, mais en plus il me surprend agréablement sur bien des points. Le confort tout d’abord, bien supérieur à ce que j’aurais imaginé. La consommation ensuite avec une moyenne sur la semaine de 7,3 litres, avec beaucoup de chemin, de l’autoroute et pas mal de petits trajets. L’extrême souplesse du 1.5 litres de 102 chevaux, fait sortir le Jimny de son rôle de franchisseur. Si on ne fait pas trop d’autoroute ou de voie rapide, il pourra faire office de daily sans problème. D’autant plus qu’il dispose du freinage automatique d’urgence, de l’alerte de franchissement de ligne, ou encore des phares automatiques.

Bilan : reçu avec mention très bien 

Avec un tarif acceptable à partir de 17 225 €, le Jimny n’a que peu de concurrent. A part une Panda 4X4, moins à l’aise en franchissement, aucun constructeur ne propose de modèles équivalent. Lada a quitté la France, emportant avec elle le Niva, seul véhicule qui aurait pu affronter notre Suzuki. Non seulement le Jimny est unique dans cette gamme de prix, mais il conserve tous les attributs des vrais 4X4. Châssis échelle, essieux rigides, boîte de transfert, gamme de rapports courts. Il grimpe littéralement aux arbres.

C’est un vrai 4X4. Alors, le Jimny voiture parfaite? Oui, mais allez l’expliquer au gouvernement. Avec un taux de CO2 de 154 g/km, le montant du malus grimpe à 4.818 euros pour la version boîte manuelle. Oubliez la version boîte auto qui devrait de toute façon quitter le marché français. Un véritable scandale, d’autant plus que le malus devrait en prendre encore un coup après mars. De quoi sérieusement compromettre la version VP sur notre marché. Et une raison de plus de se dépêcher à aimer le Jimny. 

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Fiche technique 1.5 VVT

Quatre cylindres en ligne, 1 462 cm³

Puissance réelle maxi102 ch / 75 kW au régime de : 6 000 tr/min

Couple maxi130 Nm au régime de4 000 tr/min

Nombre de soupapes : 16

Vitesse maximale : 145 km/h

Cycle urbain : 7,7 L/100km

Extra urbain : 6,2 L/100km

Mixte : 6,8 L/100km

Emission de CO2 : 154 g/km

 Moyenne réalisée pendant l'essai : 7.3 litres sur 2000 kms

 

Longueur : 3,65 m, Largeur : 1,65 m, Hauteur : 1,72 m, Empattement : 2,25 m

Réservoir : 40 l

Garde au sol: 210 mm

Angle d'attaque : 37,0 °

Angle ventral : 28,0 °

Angle de fuite : 49,0 °

Poids à vide : 1 090 kg

PTAC : 1 435 kg

PTRA : 2 735 kg

Charge utile : 345 kg

 

 

 

 

 


Nicolas Laperruque 

Camping des pommiers 14230 LA CAMBE 

Station 70, Musée de la RN13 14230 OSMANVILLE 

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