1982. A nouveau il faut traverser l’Europe du Nord au Sud, sans aucunes règles, ou plutôt une seule, arriver le premier. Suite à la parution du premier article sur Cannonball 81 avec JL Nory et Jacky Morel, j’ai eu le plaisir d’être contacté par un des deux français qui a fait les Cannonball 82 et 84. 

A l'époque, Hubert bosse dans l’informatique, Patrick est garçon dans une grande brasserie parisienne. Ils sont fans d’auto, un peu dingo comme on pouvait l’être dans les années 80. Hubert a lu l'article de Jean loup et Jacky sur l'édition 1981. Ni une, ni deux, contact est pris avec Jacky qui les rencontre et leur donne tuyaux et contacts pour s'inscrire. S'inscrire et engager leur corvette pour faire cette course un peu dingue. Le départ a lieu au nord du Danemark comme l’année précédente. C’est dans le petit port de pêche de Hirstsalls que se retrouve 80 voitures de toute origine et de tout modèle. La police est en alerte et à l’époque, au Danemark on ne rigole pas avec ce genre de pitreries. 

C’est toujours rassurant de voir une patrouille de police relever les immatriculations des autos des concurrents, histoire de.... Nos amis seront pistés tout au long de la traversée du Danemark et de l’Allemagne par la police. Tout est bon pour perturber leur « petite balade « et leur faire perdre du temps. Du côté de Karlsruhe la Corvette est interceptée par un motard de police. Ramenés jusqu’au poste, ce petit détour leur fera perdre quasi une journée. Après tout ce temps perdu, une décision est à prendre, s’arrêter là ou relancer les dés et essayer de rattraper un max du retard.

Ils continueront pour voir, pour apprendre pour comprendre. Comprendre aussi quel est le véhicule idéal, Leur corvette qui n’a qu’un réservoir de 68 litres à grosso modo le même rythme qu’une BMW 635 CSI. Leur corvette 74 n’était peut-être pas le véhicule parfait mais elle était préparée, avec un gros carter et une pompe à huile gros débit. Sans parler de la transmission à la démultiplication volontairement longue, pour tourner à plus de 220 en restant à moins de 5000 tr/mn. Ils arriveront 38ième un peu déçus mais à fond pour gagner l’année d’après.

Cannonball 84

Nos compères décident de faire l’édition 84 avec de vraies ambitions et de vrais moyens. Ils louent une 911 carrera chez Avis Prestige et vont tout mettre en œuvre pour GAGNER. C’est près de 10 000 francs de l ‘époque qu’il faut débourser pour louer la voiture. Une aventure financée en partie par la vente de l’A112 Abarth d’Huber. Mais cela ne suffira pas, le budget est conséquent avec la location de la Porsche, l'engagement, l'essence etc. Au moment de récupérer la 911 chez Avis ils découvrent une voiture quasi neuve avec ses belles jantes téléphone de 928. 

Les organisateurs, à l’aune de l’expérience de l’édition 82, ont organisés les choses différemment. Tous les participants se retrouvent logés dans un rayon de 200 kms autour du départ. Le soir du départ, vers 22H, c’est une voiture des organisateurs qui fait le tour des hôtels où sont logés les concurrents pour les informés du lieu de départ. Autre temps ou le téléphone portable n’existait pas. L’avantage ce coup-ci, pas de Police. Une seule règle, pas de règle, 39 équipages au départ, 15000 Deutschemarks à gagner pour le vainqueur. Et oui des Deutschemarks, c’est bien avant l’euro : et pour traverser l’Europe il faut avoir prévu des Florins, des Francs Belges, des Pesetas pour faire le plein dans chaque pays.

C’est parti pour la traversée du Danemark, de l’Allemagne et de la France à 200 de moyenne. Moyenne délirante qui nécessite de tabasser à plus de 240 en continu pour compenser le temps perdu avec le trafic et les arrêts essence. La traversée de la Belgique avec ses autoroutes éclairées est un délice, la 911 tourne à plus de 6000 tours pendant quasi 2 heures, Patrick avec un grand humour trouvera même que « ça rame « sur une ligne droite de plus de 10 kms avalés au régime maxi. La consommation prévue de 20 litres au 100 explosera à plus de 25 litres. Un ravitaillement tous les 300 kms, au début nos deux pilotes permuteront au volant tous les 3 ravitaillements, puis la fatigue arrivant, en Espagne ce sera un relais par ravitaillement.

La voiture tient bien le rythme, est facile à emmener à ces vitesses. Il faut juste prendre l’habitude de cet avant qui s’allège au fur et à mesure que le réservoir se vide. Même si la tenue de route de la 911 est saine, ils se feront quelques chaleurs en Espagne, sous la pluie avec quelques grandes glissades pas très catholiques. Petite anecdote, en Espagne, la nuit, un petit crachin, la fatigue qui s’installe, la vitesse qui descends autour de 200-220, et là, une 928 qui les sautent à plus de 240. Pas besoin de plus pour être à nouveau bien réveillés. Nos amis se mettent à rouler de concert avec la 928 en poussant au maximum. Mais peu après il faut remettre du jus, cligno à droite et la 928 suit. Mais la vitesse et la fatigue aidant Patrick loupe son freinage pour rentrer dans la station-service. Du coup il rentrera par la bretelle de sortir et les deux autos feront le plein face à face !!

Leur seule erreur sur le parcours sera de choisir un itinéraire par Valence et non par Madrid. Ce détour qui rallongera leur parcours de 120 kms leur coutera sans doute la victoire. Mais bon il y avait des potes à passer voir à Fontainebleau ;-). Les amis ça compte aussi et les histoires à se raconter encore plus. Cela leur coutera la victoire, et le permettra quand même d’arriver 4ieme. 

Il est temps de rendre la 911. La bête n’aura consommé que 2 litres d’huile au cours de ses 19 heures à fond. Un truc à se réconcilier avec la fiabilité des Porsche. Nos deux cannonballers tremblent un peu au moment de rendre la 911 chez Avis. Le masque avant est poncé par les projections de gravillons, les pneus arrière sont usés à l’intérieur à la corde. Mais tout se passera bien, le retour se faisant en un clin d’œil…autre temps autres mœurs… 

Ce sera la dernière Édition du Cannonball Europe... Une belle époque hélas bien révolue.

Un grand merci À Hubert André pour le temps passé à me parler de cette histoire, ses archives et sa gentillesse ;-)

Pour découvrir l'article d'époque de Jean Loup Nory  c'est https://www.histo-auto.com/fr/actualite/641/cannonball-europe-1981-3300-km-en-20-h-et-01-mn-on-vous-emmene

La parution de cet article m'a permis de discuter avec Jacky Morel de cette aventure et complète ainsi le récit de Jean Loup Nory de l'époque  https://www.histo-auto.com/fr/actualite/809/cannonball-europe-on-faisait-un-plein-toutes-les-heures

Et  aussi un Apéro-auto avec deux des protagonistes de ces aventures Jacky Morel et Hubert André https://www.histo-auto.com/fr/actualite/1025/apero-auto-on-reparle-de-cannonball-8182-et-84-avec-ceux-qui-lont-fait

Eemshaven – frontière Belge   1h49  340 km 192,6 de moyenne

Traversée Belgique                  0h50  185 km  222 de moyenne

Frontière francais - Paris         1h00 1900 km 205 de moyenne

Paris-Lyon-Barcelone              5h40, pour 1150 km, soit 203 de moyenne

Barcelonne Alicante                 3h00  540 km 180 de moyenne

Alicante - Cadix (arrivée)        7h03 pour 680 kilomètres, soit 96 de moyenne

Soit au total :                          19h22    3120 km  161 de moyenne 

Le vainqueur :                        17H05   2740 km   en Mercedes 190 Schultz

Francois Bouet 

Photos hubert 

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