19 octobre 2020

La véritable histoire du Buggy Jules EP2

Cet article est en deux parties. Pour retrouver la première partie c'est ICI Episode 1 

C’est donc un Team très remarqué et attendu qui se présente aux vérifications de cette 6ème édition du Dakar, puis place de la concorde en attendant le départ de cette édition 84.
Thierry est malgré tout épuisé par la construction de son superbe Jules 2 à 6 roues, et il sera copiloté par un de ses amis (il ne marche que comme ça, Thierry !) Jean-Pierre Nicolle.

 

Retrouvez les podcast audio du début de cet article à la fin de cette page

Le prologue est l’occasion de tester le proto et Thierry n’est pas déçu de son « bébé ». Il est bien né, le moteur est puissant, il a du couple, l’engin freine admirablement bien (6 freins à disque !!), il est parfaitement équilibré avec son moteur entre les deux essieux arrière et ses réservoirs latéraux, la tenue de route est excellente…Seul petit défaut que remarque Thierry, la voiture est un peu lourde, la carrosserie est tellement épaisse que si elle est indéformable et rigide, elle handicape néanmoins un peu la voiture…

Le camion lui aussi marche très très bien, voire même un peu trop ! Il fait le second temps du prologue et son pilote oublie un temps qu’il n’est pas engagé en catégorie « compétition » mais bien en assistance… Ce sera d’ailleurs le début des soucis de ce Dakar pour le team, puisque le pilote du camion va vouloir à tout prix marquer les esprits par ses performances, et délaisser son rôle de soutien à Jules 2 !

La première liaison (plus de 900km) et la première étape algériennes confirment que le Jules 2, bien que non conçu pour un Dakar, est un concept performant et bien né. Aucun soucis à noter, à part un léger réglage de tringlerie de boîte qui avait du jeu…Rien de bien grave.
Le camion d’assistance continue quant à lui ses temps canons et flirte avec les premières places du général dans la catégorie camions!

Le lendemain, dans l’étape In-Salah-Tamanrasset de plus de 650km, Thierry  fait parler la poudre... Il pousse le Jules 2 dans ses retranchements et exploite les 360cv du Chevrolet… Le bolide fait des pointes à plus de 200km/h, une véritable perf pour l’époque. Le terrain est difficile, très cassant et deux fois, les pièces fusibles  (les fameux tirants de suspension) vont casser. Thierry puise sur le pont arrière et à chaque fois, repart sans difficulté.
Pourtant, un peu plus loin, c’est encore cette même pièce qui casse. Là, le Jules2 ne peut plus subvenir à ses besoins seul, il faut attendre le camion d’assistance…
Celui-ci arrive quelques temps après, mais le Dakar peut changer les hommes… En effet, complètement obsédé par le classement des camion en course, le petit Renault 4x4 ne va pas dépanner la voiture blessée. Il continue sa course afin de faire encore une fois un temps dans cette spéciale algérienne.


A l’arrivée, Thierry Sabine, surpris de voir le camion d’assistance arriver avant même le proto qu’il doit assister, va s’enquérir sur ce qui se passe. A l’annonce des explication peu claires du pilote, il se met en colère et ordonne à celui-ci de repartir à l’envers sur la spéciale afin de retourner remplir sa mission originelle. 
Malheureusement, le chronomètre tourne et quand Thierry rejoint Tamanrasset, la sanction tombe. Trop de retard, il est mis hors-course ! Dur alors que la voiture marche super bien !
En apprenant ça, c’est presque Thierry Sabine qui est le plus en colère et qui va dire ses 4 vérités au pilote du camion, lui jetant même qu’il ne veut plus le voir sur le rallye !

Du coup, la caravane continue sans Jules 2, son camion et l’ensemble du Team. Par contre, afin d’honorer son sponsor qui, comme en 1981, l’attend à Dakar, la décision est prise de rejoindre la capitale Sénégalaise en dehors du rallye. Ils seront d’ailleurs accompagnés par Evelyne Dhéliat et Marianne Hoepfner qui viennent elles-aussi d’abandonner sur leur petite Fiat Panda 4x4.

La fin de la course se fait donc tranquillement, permettant de faire un film promotionnel pour Dior, prendre des photos et avancer à un rythme soutenu mais sans les difficultés de la course. Ce sera l’occasion pour Thierry de confirmer que ses choix étaient bons et son prototype réellement bien conçu . La seule petite alerte sera en cours de parcours un début de fissure du châssis (toujours cette carrosserie trop lourde !) réparée sans difficulté.
Pour le reste, …rien !

Le 20 janvier, Jules 2 et son camion seront à Dakar, afin d’honorer le contrat moral qui liait Thierry de Montcorgé à Dior. La fête battra son plein malgré la déception de cet abandon, et surtout des conditions de cet mise hors-course.Cette aventure va marquer Thierry, qui gardera un moment le Jules2 pour lui, avant de le revendre, tout en conservant son moteur. La voiture aura plusieurs vies après le Dakar, avant d’être reconstruite par un lycée technique et devenir la propriété d’un collectionneur averti.

Quant à Thierry, son regret, outre que le Paris-Pékin n’ait pas vu le jour et que sa création n’ait pas pu être confrontée à l’épreuve pour laquelle elle a été pensée et construite, fut peut-être d’avoir voulu s’engager seul sur ce projet et de s’y être finalement beaucoup usé. 
Il n’empêche que fourmillant d’idées, il reviendra sur le Dakar, non plus en tant que pilote, mais concepteur de buggys, dont la fameuse Formule 1 du désert… Mais ceci est une autre histoire !

Cet article a été écrit en partenariat avec l'incroyable Jeff de Dakardantan qui a interviewé Thierry de Moncorgé. Si vous aimez les histoires de Dakar, nous vous conseillons vivement son site, qui est une véritable bible sur le Dakar qu'on aime.

 

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