08 janvier 2021

LM SOVRA Le Buggy Français

Les années 70. Hippies, cheveux longs, musique rock, fringues psychédéliques, moeurs légères et aussi dérivés Volkswagen. La Coccinelle n’a pas seulement enfanté le célèbre Combi, elle a aussi donné naissance à des véhicules moins officiels, les buggys. Cette mode venue de Californie et initiée par Meyers Manx au milieu des années 60 (lire aussi : Meyers Manx) finira par débarquer en France, de façon plus modeste. C’est l’histoire de la SOVRA.

Le roi du plastique
Peu importe le constructeur, il y a toujours un homme derrière chaque aventure industrielle. Michel Landois n’est pas né avec une ambition automobile. Après un apprentissage dans les règles de l’art, il commence à travailler chez René Bonnet. Sa spécialité c’est le plastique. Devenu un as en moulage de matières plastique et polyester il fuit Paris pour rejoindre Corbeilles-en-Gâtinais, dans le Loiret. Michel Landois trouve une grange et commence à fabriquer ce qu’on lui demande, c’est à dire, des voitures pour les manèges !

Son expérience automobile le rattrape assez rapidement et bientôt il monte un atelier de réparation des coupés Djet. La réputation du garçon est faite et il finit par devenir fournisseur des coques de monoplaces de Tecno.


La mode des Buggys
La France a toujours un petit temps de retard sur les modes américaines et si en Californie les buggys sont dans le vent depuis le milieu de la décennie, en 1968 on commence à peine à découvrir ces baignoires sur roues dans l’Hexagone. La sortie du film “L’Affaire Thomas Crown” dans lequel Steeve McQueen saute de dune en dune au volant d’un Buggy Manx n’est pas étrangère à ce soudain intérêt. Un peu partout en France, on bricole, on adapte, ou on fabrique des kits pour transformer de paisibles Cox en cabriolet plastique. Nous sommes loin du mouvement de masse mais le phénomène est assez important pour commencer à intéresser de près quelques sociétés.

C’est comme ça que la SOVRA, SOciété de Vente et de Réparation Automobile voit le jour et deviendra fabricant de buggys. De plus en plus, on demande à Michel Landois de construire des carrosseries pour des constructeurs tels que “Beach Buggy”, “Mini Bug”, “Sunhill” ou encore “Pacha Bug”. Devant l’afflux de commandes, le petit sous traitant du Loiret commence à se dire qu’il ferait bien de monter son propre business en assemblant des véhicules complets.

Une bonne mine
Devant le nombre d’engins artisanaux se présentant devant le service des mines, l’étau se resserre et l’homologation devient problématique. Les différents kits en vente dans l’hexagone ne sont pas tous de qualités égale et leur montage n’est pas toujours réalisé de manière académique. Après une année 1970 record pendant laquelle 620 kits et voitures sortiront de la grange, il faut passer aux choses sérieuses. De nouveaux locaux sont créés pour traiter le polyester et une usine est rachetée pour l’assemblage des véhicules. Avec ces nouvelles installations, LM SOVRA est prêt à affronter les années 70 et la capacité de production passe à 3 véhicules par jour.

Mais le coup de génie de Michel Landois sera de faire homologuer ses kits auprès de l’UTAC. En sortant de l’artisanat, pour rejoindre la petite série homologuée, Landois va s’assurer une rente pour des décennies. Face aux concurrents artisans proposant des kits incertains et pas forcément bien construits, LM SOVRA va commercialiser un kit fabriqué en série, et surtout homologué. L’acheteur a le choix entre un kit facile à monter et à immatriculer ou un véhicule prêt à rouler assemblé directement à l’usine. Dès lors, les concurrents tombent un à un et rapidement LM SOVRA détient le quasi monopole du Buggy en France.

En 1970 deux variantes du LM1 sont proposées : soit le châssis de Coccinelle d’origine, soit une version raccourcie de 40 cm de ce même châssis. Le prix de vente HT de la coque s’élève alors à 1420 francs, tarif comprenant la carrosserie, le capot, la tableau de bord et son armature et le pare brise. L’échange standard du châssis coûte 450 francs. Pour un véhicule monté on arrive à 6000 francs et pour bénéficier d’un véhicule prêt à rouler avec des sièges baquets (dessinés et fabriqués par Landois), un roll-bar et une capote on monte à 7500 francs en 1970, ce qui équivaut à environ 7500 de nos euros.

Evolutions

Devant le succès du LM1 présenté au Salon de Paris 1970, on décide chez LM SOVRA d’offrir un grand frère au petit buggy. Le LM2, aux lignes futuristes, très années 70 est présenté en 1972 et restera au catalogue de longues années en parallèle du premier buggy. Rien ne semble pouvoir arrêter le fabricant de kits qui se sent pousser des ailes. L’objectif est de passer le cap en devenant un vrai constructeur automobile. Le LM3 est présenté au grand public en octobre 1973 au Salon de Paris. C’est un coupé 4 places, fabriqué avec une carrosserie en fibre de verre, ressemblant étrangement à la Lancia Dunja HF.

Chez LM SOVRA on a pas de pétrole, ni d’argent mais on a des idées. Pour réduire les coûts de développement, on réutilise un maximum de pièces de grande série. Le tableau de bord est moulé sur celui de la Citroen GS, ainsi que les poignées de porte. Les panneaux, le pare brise et quelques autres éléments sont empruntés aux Renault 15 et 17, tandis que les différents optiques sont issus de la Simca 1100. Ce nouveau modèle est très bien accueilli mais connaîtra une diffusion restreinte. Le prix est trop élevé (36 000 francs en 1977) et le LM3 se retrouve en face de voitures de sport autrement plus abouties. Une ultime tentative en 1978, visant à proposer une version 9CV dotée des moteurs Volkswagen 1500 ou 1600 ne changera rien. Le LM3 est un échec et Landois revient à ses premiers amours en se concentrant sur les kits. Seuls 15 LM3 « assemblés » seront commercialisés, pour un total de 23 en comptabilisant les exemplaires vendus sous forme de kits-cars.

Au début des années 80, les buggys commencent à être passés de mode et Michel Landois décide d’ajouter au catalogue des transformations des Renault 5, sous le nom de LM4, ou des Peugeot 104, sous le nom de LM5 en cabriolets (lire aussi : Peugeot 104 Sovra LM5). À noter qu’un Cabrio sur base de Renault 11 sera également produit à seulement quelques exemplaires.

Après ces ultimes tentatives de diversification, LM SOVRA se concentre sur la fabrication de LM1, au rythme de quelques dizaines de kits par an. Rien ne semble devoir changer dans cette paisible usine du Loiret, jusqu’à la reprise par l’expert comptable de la société. Celui ci reprend le flambeau au milieu des années 90 avec des ambitions toutes neuves.

L’ultime sursaut

Son constat est simple. Jusqu’alors la fabrication d’un LM1 consiste à trouver une Coccinelle d’occasion, la démonter entièrement pour la mettre à plat, raccourcir le chassis de 40 cm, restaurer entièrement la mécanique pour finalement assembler la nouvelle carrosserie. Ce travail pouvant se faire à la carte suivant le budget ou les volontés de l’acheteur. Malgré tous ces efforts, et une homologation UTAC (Crash test, pollution, etc), le client repart avec une carte grise de “véhicule restauré”.

Le repreneur veut commercialiser un vrai véhicule neuf. Les Coccinelles sont toujours fabriquées au Mexique. Le LM1 recevra des moteurs neufs issus des chaînes VW sud américaines. Ils sont équipés de moteurs 1600cm3 avec injection multipoints, d’un faisceau électrique moderne, et d’un allumage électronique. Les VW étant encore vendues aux USA elles répondent aux normes en vigueur dans la plupart des pays. En 1997 pour 61 750 francs vous pouvez commander un buggy neuf avec une mécanique de Cox développant 50 chevaux. Le buggy pèse 580 kilos seulement, freinés par 4 freins à tambours. L’engin fait un bond en avant en matière de comportement, de construction, d’assemblage et de finition. De série, on dispose de jantes et de rétros chromés, d’un volant sport gainé de cuir, de sièges baquets et d’une capote amovible presque étanche. Assemblé en série, il devient un véhicule de loisir bien élevé et fiable. Le plus compliqué sera sûrement de choisir entre les 90 couleurs proposées, et teintées dans la masse.

Malgré tous ces efforts et des essais dans la presse spécialisée relançant l’intérêt pour le buggy, le miracle n’aura pas lieu. En 2000 la société LM SOVRA est mise en faillite. La fabrication est reprise par la société “Auch Auto Buggy LM”, entreprise de Preignan dans le Gers. Quelques exemplaires seront à nouveau fabriqués sous la marque “Auch Auto” avant de plier les gaules définitivement en 2003. Aujourd’hui il est possible de trouver des LM à vendre sur les sites de petites annonces. Privilégiez un modèle homologué dans les régles de l’art et méfiez vous de la corrosion sur ces véhicules souvent stockés près du littoral. Avec un volant, une carrosserie et un quatraplat VW, les sources de pannes se font rares, roulez cheveux au vent !

Nicolas Laperruque 

 

 

 

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