13 décembre 2020

On lève le voile sur les projets secrets de MPM Motors, le constructeur français

Vultur, Solis, Erelis électrique ou blindée, autant de voitures que vous ne verreze pas sur nos routes. Après l’annonce de la mise en liquidation de MPM Motors, nous avons en exclusivité rencontré la direction du petit constructeur français. A la fin d’une interview fleuve avec Igor Paramonov, ce dernier nous a permis de visiter le hangar des prototypes de la marque. Un endroit secret, où les voitures sont cachées des regards. Et si on soulevait les bâches sur ces projets morts-nés?  Découvrez en exclusivité les voitures qui devaient sauver MPM Motors. 

Retrouvez l’interview exclusive du patron et fondateur de MPM Motors, Igor Paramonov

Cela fait quelques heures que nous échangeons dans un salon avec Igor Paramonov. ll est midi et l’interview touche à sa fin. Après avoir longuement évoqué les débuts, la vie, et la fin de MPM Motors, nous évoquons ensemble les projets de la marque qui étaient censés prendre la suite de l’Erelis. Derrière Igor, au-dessus du canapé, trône fièrement un grand poster avec la photo de famille de ce qui devait être le futur de la marque. Comme je connais un peu la maison, je sais qu’il existe un hangar des prototypes. Je lance alors à Igor “On pourrait peut-être aller faire un tour voir les protos?” 

Le hangar des prototypes 

Lors de ma première visite en 2016, Igor et Guillaume (le responsable communication de la marque) m’avaient ouvert la porte de cet endroit. J’avais pu voir deux choses très intéressantes, qui m’avaient fait conclure mon article par cette phrase : “La PS160 ne rattrapera jamais son retard de conception. Mais le plus important n’est pas ce modèle, en témoigne ce que prépare le bureau d’études”. 

Les Erelis que vous ne verrez pas 

J'avais eu la chance de découvrir plusieurs prototypes en développement. Igor m’avait d’ailleurs parlé de ses négociations avec deux constructeurs automobiles pour lui fournir un moteur, qui donnera naissance au partenariat avec Peugeot sur l’Erelis. Conscient que les normes seraient de plus en plus strictes, Igor avait compris que l’Erelis, qui s’appelait encore PS160, ne pourrait rester sans évoluer. Dans le hangar, on m’avait alors montré une PS160 hybride en cours de montage. Plus réjouissant encore, une version full électrique était également à l'étude. Une réalité aujourd’hui, que je découvre sous une bâche. Sous le capot, un moteur électrique, relié à une batterie. C’est plutôt propre et bien assemblé. Igor me précise d’ailleurs qu’il était prévu de “ranger un peu mieux les éléments pour pouvoir gagner encore un peu de place et avoir un coffre avant”.  

“Les voitures électriques? C’est plus facile que de faire une thermique”
Igor Paramonov 

L’Erelis électrique 

A ce moment-là, Igor me raconte ce que je savais déjà. Aujourd’hui il est devenu plus simple de faire une voiture 100% électrique qu’une voiture essence ou diesel. “Les éléments sont simples. Un moteur et une batterie. Tout est disponible sur le marché. Cette Erelis électrique a une puissance modeste, on a repris la mécanique d’une Zoé, histoire de voir ce que ça pouvait donner. Elle est donc limitée en autonomie et la vitesse de pointe ne dépasse pas 110 km/h. Il s’agissait surtout de modéliser en vrai, les questions d’encombrement et de disposition des éléments. Mais demain tu prends un plus gros moteur et une plus grosse batterie et tu fais mieux. L’idée au moment du développement était de faire 350 km d’autonomie pour un tarif de moins de 30 000€ avant bonus”. 

Une MPM blindée ! 

En faisant quelques pas dans l’atelier, je retombe sur une vieille connaissance, la version blindée de la PS160 ! Équipée d'une carrosserie recouverte de 36 feuilles de kevlar et de vitres de 22mm d'épaisseur, celle-ci existe bel et bien et est à l’épreuve des balles. Ça vous paraît fou? Pourtant l'explication est pragmatique. Il n'existe nul part sur cette planète de blindée low cost et proposer une version pare-balles à moins de 30 000 euros en Amérique du Sud ou dans certains pays de l'est prend tout son sens. A l’époque, les dirigeants de la marque m’avaient confié une anecdote. “Comme on ne savait pas comment tester une carrosserie blindée et qu’on voulait vérifier qu’elle était bien à l’épreuve des balles, nous nous sommes rendus dans un stand de tir. On a expliqué au gars ce qu’on voulait faire. Résultat, on a tiré pendant toute une après-midi avec toutes les armes possibles et imaginables sur le proto. Donc, oui je peux te dire qu’elle est à l’épreuve des balles”. Malheureusement, le développement d’une telle version aurait impliqué de renforcer la structure, la mécanique, les freins et tout cela est coûteux. Jugée non-prioritaire, la MPM blindée est restée unique. 

Le restylage de l’Erelis 

C’est ce qui est également arrivé au restylage de l’Erelis. En soulevant la bâche, je découvre une Erelis avec une inédite face avant. C’est très réussi et ça change réellement la perception qu’on a de la voiture. Plus moderne, elle semble aussi mieux finie et plus valorisante. Un projet de restylage qui concernait également l’intérieur de la voiture. La planche de bord reçoit un nouveau volant, et un système d'infotainment avec un grand écran. Un projet qui n’ira pas plus loin, l’objectif principal d’Igor Paramonov, le patron étant plutôt de sortir rapidement un autre modèle et de se débarrasser de cette encombrante Erelis. Ce qui n’empêche pas la marque de tester de nouvelles solutions, en utilisant l’Erelis. 

Erelis Dongfeng 

C’est le cas avec cette Erelis qui reçoit une inédite motorisation de 180 chevaux ! Un moteur qui vient de chez Dongfeng! Pour ceux qui ne connaissent pas, Dongfeng est un géant de l’industrie en Chine et possède des co-entreprises avec les plus grands groupes dont PSA, Renault ou Honda. Pour les autres ou sous ses propres marques, l'entreprise fabrique 4 millions de voitures par an. Igor nous raconte : 

“Les groupes en place dans l’industrie automobile ne se remettent pas assez en question. Un dinosaure qui fabrique des voitures depuis plus de 100 ans se contente de sortir de nouveaux modèles de temps en temps. Mais il n’y a plus cette capacité d’innovation. Les chinois, c’est tout l’inverse. Chez Dongfeng, quand vous visitez l’usine, il y a des choses qui interpellent. Chez MPM on croit à fond à l’impression 3D, on a d’ailleurs utilisé cette technique ici à Trappes. Et il était prévu d’assembler le premier proto du Vultur (le SUV de la marque) à partir de pièces de carrosserie imprimées en 3D. Mais chez Dongfeng, ils ont un bâtiment entier de plusieurs hectares rempli d’imprimantes 3D. Il y a des robots partout, qui fabriquent à longueur de journée des choses qu’on imaginerait pas dans une usine automobile. Les chinois sont en train d’imaginer la voiture de demain. Mais elle ne sera pas française. “

Cette Erélis dotée d’un moteur Chinois de 180 chevaux prouve que le constructeur cherchait sans arrêt de nouvelles solutions ailleurs, en ne se contentant pas de son partenariat avec Peugeot. Mais quittons l’Erelis, pour découvrir quelque chose de bien plus intéressant. 

Solis, la triplette électrique low-cost

Quand j’étais venu pour la première fois il y a trois ou quatre ans, Igor m’avait montré une Smart électrique entièrement démontée. “On regarde comment c’est fait, et c’est exactement ce qu’on pensait. Tous les éléments sont connus et se trouvent chez nos fournisseurs. On peut faire une voiture électrique demain”. m’avait dit le patron de MPM Motors. Et ils l’ont fait ! Après avoir présenté un premier prototype de leur petite citadine électrique lors d’une présentation aux concessionnaires de la marque, Igor a chargé Andrej Suchov le designer maison d’en dessiner une version industrialisable. La version qu’on m’avait présentée à bien évolué. Aujourd’hui dans le hangar trônent plusieurs Solis. Plusieurs châssis sans carrosserie, mais roulants pour tester la mécanique. Une maquette jaune dont la finalité était de visualiser les proportions.

Un prototype orange qui avait pour fonction de pouvoir faire rouler la voiture en conditions réelles. Trois versions étaient prévues : une stricte deux places, comparable à une Smart. Une 4 places, 3 portes et une 5 portes. L’autonomie était comprise entre 150 et 200 kms pour un tarif compris entre 10 000 et 12 000€ avant bonus ! “On avait aussi prévu une version sans permis, qui aurait pu entrer en concurrence directe avec l’AMI de Citroën”. Ne vous fiez pas au design très basique des maquettes jaunes et orange. Sur un des bureaux, un rendu 3D donne une idée du résultat final. Une version qu’on vous montre comme on l’a vu. Mais sachez que depuis, le designer a revu sa copie et réalisé une Solis bien plus attrayante et au design moderne et plaisant. Celle-ci on ne peut pas vous la montrer aujourd’hui, mais nous l’avons vue et elle existe. Ce projet de mini-voiture a longtemps été en haut de la pile des préoccupations de MPM Motors. Mais l’absence d’aides de l'État a mis le projet de côté au profit d’un SUV. 

Le Vultur 

C’était le projet qui devait permettre à MPM de se développer. Ce SUV, fabriqué selon le même process de carrosserie en fibre sur un châssis maison, visait plus haut que l’Erelis. Il était même en phase de prototypage. Le premier châssis du Vultur existe, il est en Ukraine dans la filiale de MPM Motors chargée de fabriquer les châssis. Malheureusement on aura as eu le temps de le voir assemblé avec une carrosserie. Mais avouez qu’il faisait envie, non? 

Les autres projets 

On vous parlera bientôt d’un projet bien avancé de PS160 de compétition qui devait servir de base à une coupe MPM organisée sur différents circuits. Mais le futur de la marque passait également par la remplaçante de l’Erelis, par un gros SUV du gabarit Audi Q8, et par un poids lourd électrique ! Des projets restés à l’état de rendu 3D, qui verront peut-être le jour ailleurs, et sous un autre nom. 

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Nicolas Laperruque 
Photos : Nicolas Laperruque, Jack Stouvenin, MPM Motors

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