08 mai 2020

Jour de tonnerre, le Top Gun sur 4 roues

Pour terminer le confinement, aujourd’hui, chers lecteurs je propose de nous replonger en 1990. Restons au chaud pour regarder un chef d’oeuvre du cinéma américain, j’ai nommé “Days of Thunder”. Un film que vous connaissez surement mieux sous le nom de “Jour de tonnerre” si vous habitez plus près de Magny Cours que de Daytona. Gentlemen, start your engines. 

 

 

Le pitch 

Cole Trickle (c’est le nom du personnage interprété par Tom Cruise dans le film) est un jeune pilote à la carrière compromise, depuis qu’il a perdu son volant suite à une sale histoire d’accident. Mais l'amérique d’Hollywood offre toujours une seconde chance et le Cole se retrouve convoqué à un test en Nascar. Il déboule sur le circuit sur une énorme moto, sans casque, dans une scène à l’esthétique digne d’un clip de Bon Jovi. 
Parce que oui le Cole est un rebelle, casse cou, refusant la discipline et quelque peu bourrin avec la mécanique. D’ailleurs, il a beau être rapide, cela n’en fait pas une flêche et le garçon est franchement bas du front. Il est rapide mais il conduit à l’instinct. L'équipe se rend vite compte qu'il ne sait pas ce que signifie survirage ou sous virage, autant vous dire qu’on part de loin. Cela ne l’empêche pas de réussir ce test en claquant un super temps. Evidemment, sinon le film s'arrêterait là.

Robert Duvall & Tom Cruise, le traditionnel conflit de génération 

Pour qu’un duo fonctionne au cinéma, ils doivent être très différents l’un de l’autre et être un peu obligés de se côtoyer, avant d’apprendre à se connaître, ce qui leur permettra de réaliser quelque chose ensemble. Bref, Tom Cruise va devoir faire équipe avec Robert Duvall, qui interprète le personnage d’Harry Hogge. Harry est une vieille légende du sport automobile américain, mais il est clairement has been. Lui aussi traîne derrière lui de vieilles histoires d’accidents et de drames. Prendre ce jeune con de Cole Trickle sous son aile, c’est un peu son dernier combat. Si il doit gagner un jour Daytona 500, il sait que ce sera avec le jeune premier, même si je le répète le garçon n’est pas bien fin. Il lui trouve une bagnole pour courir. L’occasion rêvée d’assister à une scène bien kitsch où Robert Duvall descend à la cave pour parler à la voiture en lui demandant de prendre soin de son nouveau poulain, séquence émotion. 

La bonne, la brute et le truand 

A vaincre sans péril on triomphe sans gloire, et ça les scénaristes l’ont bien compris. Ils mettent donc sur la route de Tom Cruise un rival cynique et dangereux. A force de se frotter les pare-chocs, ces deux là finissent par avoir un accident assez grave. Le drame se produit en pleine course, sur un ovale.  Cole arrive à pleine vitesse dans un nuage de fumée, la visibilité est nulle et il ne peut éviter son ennemi, Rowdy Burns. Les deux loustics se retrouvent aux urgences. La situation est grave. 
On retrouve nos deux pilotes dans un couloir de l’hôpital, chacun dans un fauteuil roulant. Ces deux compétiteurs dans l'âme en profitent pour faire une course sur roulettes, dans les couloirs de l’établissement hospitalier. On a les circuits qu’on mérite. La scène est magnifique puisqu’elle prolonge symboliquement le duel entre les deux pilotes. Ce qui n’empêchera pas la docteur chargée de les soigner de les engueuler en les traitant de jeunes crétins égocentriques. 

Mais décidément Hollywood à tout prévu parce que la diplômée de médecine en question n’est pas dégueulasse du tout. Il s’agit en effet du premier grand rôle de Nicole Kidman. Enfin, Nicole Kidman, jeune, pleine de charme, avec son air strict, et avant de se voir défigurée par la chirurgie esthétique. Bref, l’Australienne joue le rôle de la médecin un peu coincée qui fait passer les ordonnances avant les sentiments. Après s’être occupée de son rival, elle entame l'auscultation de ce petit con de Cole Trickle. On sent bien qu’il tente un ou deux trucs pour l’impressionner mais je vous rappelle que le garçon est un peu bête.
Finalement elle n’en tiendra pas rigueur à Cole, puisqu’elle cède finalement à ses avances en plaquant ce pauvre garçon contre un mur avant de lui rouler une pelle (Ah oui j’ai oublié de vous dire, c’est le seul et unique film de la carrière de Tom Cruise où celui ci fait, comme dans la vraie vie une tête de moins que tout le monde). Bref, au dernier moment les scénaristes, encore eux se sont dits qu’il faudrait peut-être rajouter un semblant d’histoire d’amour au milieu de tout ce cambouis sans quoi ils auront beaucoup de mal à attirer dans les salles les petites amies des cibles visées par ce chef d’oeuvre. 
Bref, Tom Cruise sort de l’hôpital et reprend la compétition. Parviendra t il à retrouver son niveau ? Gagnera t il Daytona 500 ? Est ce que le jeune garçon parviendra à vaincre ses vieux démons ? Sa nouvelle zouze supportera t elle de le voir ainsi risquer sa vie ? 

Une histoire presque vraie 

Days of Thunder, c’est l’amérique. Raconter l’histoire d’une jeune pilote inconnu qui devient une star du Nascar, c’est flotter en plein rêve américain. Et pas n’importe quelle amérique, celle des Rednecks et des Républicains, mec ! On ne va pas se mentir, non ce n’est pas une histoire vraie. Mais le film pioche des morceaux de vérité ici et là pour construire une histoire plutôt plausible. 
Le personnage de Tom Cruise est inspiré de Tim Richmond, un jeune pilote ayant eu un parcours comparable, mort du SIDA un an avant la sortie du film. Le nom du personnage, est lui directement inspiré du coureur Dick Trickle. Pour le rôle du team manager, ils ne sont pas allés chercher bien loin. Cole Trickle c’est Tim Richmond, Harry Hogge sera Harry Hyde, qui travaillait avec Richmond dans la vraie vie. Vous arrivez à suivre ? Le personnage du propriétaire de l’équipe est inspiré clairement de Rick Hendrick, un des patrons d’écurie du Nascar dans la vraie vie. Ce même Rick Hendrick qui prépare d’ailleurs les voitures qu’on voit dans le film. Trente cinq voitures seront détruites pendant le tournage. Il s’agit de vraies caisses de Nascar. La production ira même jusqu’à en engager deux en les confiant à de vrais pilotes dans des manches du championnat. L’objectif étant évidemment de récupérer un maximum d’images en conditions réelles. 

Un tournage mouvementé 

A l’époque, Tony Scott et Tom Cruise sortent de l’énorme succès de Top Gun. Pour leur prochain film ils cherchent à rééditer l’exploit et Cruise qui aime bien les voitures propose de transposer les ficelles de Top Gun aux courses de Nascar. 
Pour jouer la partenaire féminine de Tom Cruise, ça ne se bouscule pas au portillon. Le rôle est refusé successivement par de nombreuses actrices comme Sarah Jessica Parker, Julia Roberts, Meg Ryan, Brooke Shields, Sharon Stone, Heather Locklear, Sandra Bullock ou encore Jodie Foster. Finalement c’est une quasi inconnue, Nicole Kidman qui s’y colle. 
Les scènes de course sont donc issues de vraies courses qui sont mixées avec des images tournées à Charlotte, au Darlington Raceway, à Daytona, au Bristol Motor Speedway ou à Phoenix Arizona. 
Tout le long du film, les lieux de tournage sont mélangés selon les besoins. Heureusement que tous les ovales se ressemblent sinon on flotterait au milieu d’un océan de faux raccords. 
Dans l’ensemble le scénario tient aussi bien la route qu’une voiture américaine, avec son lot d’incohérences. Au cours d’une course de Nascar et suite à un incident, l’équipe ordonne à Cole de rentrer au stand à trois tours de la fin. Incohérence car rien oblige Tom Cruise à rentrer à ce moment là, d’autant que 3 tours c’est le temps qu’il faut au pace car pour sortir des stands et prendre sa position. 
La légende dit que certaines scènes étaient écrites le matin même et que Tom Cruise devait alors lire les dialogues sur une feuille scotchée sur la caméra.  
Le producteur lui, passe son temps à draguer tout ce qui bouge sur le plateau. Sa technique? Offrir des robes à toutes les nanas qu’il croise. Il s’en fera carrément livrer un semi remorque entier sur le tournage. 
Le budget dérape sans cesse, pour atteindre 60 millions de Dollars, soit 4 fois celui de Top Gun. Autant vous dire que les 80 millions de résultat au Box office américain, bien en dessous des attentes, seront finalement accueillis comme un soulagement. 

Cultissime 

Si comme moi vous aviez 10 ans en 1990, il y a de fortes chances que ce film soit culte à vos yeux. L’atmosphère typique du début des 90’s n’y est pas étrangère. Avec ses couleurs chaudes, la réalisation très marquée “clip” de Tony Scott, et cette ambiance qu’on ne retrouve que dans les films ricains de cette période, Jour de Tonnerre est une oeuvre marquée. On reconnaît le film au premier plan. 
Mais si ce film est passé à la postérité, c’est aussi tout simplement parce que c’est un vrai bon film de voitures, ce qui est très rare. Le Mans était beau mais n’avait aucun scénario, toutes les autres tentatives de transposer la course automobile sur grand écran ont été autant d’humiliations pour ceux qui en étaient les responsables. Il faudra attendre Rush et Le Mans 66 pour enfin trouver deux bons films de course d’affilée. 
Donc dans les années 90, on avait guère le choix. Avec ses vraies scènes de course, son absence totale d’effets spéciaux, ses caméras embarquées ou posées au ras du sol, la sensation de vitesse et l’immersion dans la course sont totales. 
Ce film a aussi permis à toute une génération d’européens de découvrir le Nascar. Ceux qui ne l’ont pas vu disent souvent que Jour de tonnerre était un navet. La différence avec un navet, comme Michel Vaillant c’est que personne n’a envie de le revoir. J’ai déjà revu Jour de Tonnerre des dizaines de fois depuis l'adolescence, c’est ce qu’on appelle un film culte. 

 

   

Nicolas Laperruque 

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