Je ne suis pas devenu spécialiste de géostratégie ou même expert militaire mais un fil tweeter a retenu mon attention sur la guerre en Ukraine et il parle de pneu. 

Mais avant d’aborder ce sujet, il faut tout de même rappeler deux évènements à la fois historiques et climatique, ils se nomment, Raspoutitsa et Merzlota. Le premier correspond à la fonte des neiges dans la grande Russie (et Ukraine) au printemps qui transforme les routes non asphaltées et les champs en une fange boueuse. Pour s’en extirper il faut un matériel au top en particulier s’agissant des pneumatiques. Pour votre culture personnelle, la Merzlota c’est le contraire de la Raspoutitsa, le sol gèle sur plus de 2 mètres de profondeur, le sol devient alors dur comme du béton. 

Un deuxième point est à rappeler : les Russes se seraient préparés à une guerre éclair de 3 jours. La logistique et le matériel tant humain que mécanique ne devait servir que 3 jours. Vous comprenez donc mieux qu’après 8 jours d’engagement, les prévisions logistiques et « mécaniques » doivent être revues. 

Mais revenons à nos camions et blindés sur roues. Ces engins doivent rouler régulièrement, environ une fois par mois. Et pourquoi ? premièrement car un véhicule lourd pèse sur ses pneus et les déforme s’il ne bouge pas. Dans ce cas-là sa structure va finir par se déformer. Par la suite, en roulant le pneu finit par « exploser «. En complément de ce premier souci on conseil de bouger les véhicules pour que le soleil « n ‘éclaire » pas les pneus toujours de la même façon. Et oui les UV ne sont pas les copains des pneus et du caoutchouc en particulier. Le soleil « cuit « le caoutchouc, le fait durcir, et en plus s'il n'est « à plat « c’est à nouveau une bonne raison pour lui d’exploser.

Mais il faut aussi il faut parler pression. En effet ces gros véhicules blindés ont un système central pneumatique qui permet de gonfler et dégonfler à volonté les pneus. Très gonflés pour rouler sur le goudron et à vive allure, plus faiblement gonflés pour avoir plus d’adhérence dans la boue et à plus faible vitesse. 

Sans vouloir dénigrer la technologie russe, ces systèmes de gonflage pneumatiques embarqués sont des vraies « M.. ». Donc dans toutes les armées du monde (sérieuses) il est conseillé de faire tourner le véhicule pour que le système à air soit « lubrifié » et pour détecter d’éventuelles fuites. Et l’on peut dire qu’un contrôle / démarrage mensuel est un peu le minimum acceptable pour avoir un parc en bon état. 

Et c’est là que deux informations sont importantes à mettre en exergue. Tout d’abord dans la réalité, cette mise en route régulière suivi d’un petit « tour de piste « n’arrive jamais.  Et oui, le carburant ou les pièces d’entretien de ces véhicules sont volés et revendus sur le marché noir. Comme à la bonne époque communiste le militaire russe survit grâce à ces petits à-côtés. Il n’est payé annuellement que 900 euro (nourri logé quand même.) Le second point à prendre en compte est un simple ratio. Selon L'historien Alex Mann la Russie essaie de maintenir une armée de la taille des États-Unis avec un dixième du budget de celui-ci. 

Mais revenons à nos pneus. Donc vous l’avez compris ils prennent des UV dans la tête, durcissent, le plus souvent en étant dégonflés et sans changer de position pendant … 6 à 12 mois. Bon jusque là admettons. Mais il y a la cerise sur le gâteau.  Ce ne sont pas des pneus radiaux pour poids lourds de l'ère soviétique ou européens de l’ère moderne. Ce sont des pneus pour véhicules militaires chinois, et plus spécifiquement le Yellow Sea YS20. C'est une mauvaise copie chinoise de l'excellent pneu militaire Michelin XZL. 

Comme je suis gentil je vais vous donner une dernière info, le rapport de prix entre un Michelin et un Yellow Sea est de 1 à 10, la qualité aussi. Vous devinez que cela ne donne pas envie d’acheter du Michelin quand vous avez des milliers de véhicules qui trainent sur parc sans rouler pendant des années. 

En tout cas, même si je ne préjuge pas de l’issu de cette aventure russe, la vérité reste à la citation (sans doute apocryphe) du Général de Gaulle : « l’intendance suivra « ou pas ….

Francois Bouet 

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