07 septembre 2020

Il passe ses week-ends à conduire des F1 (+ Vidéos)

Imaginez la Lotus F1 de Jim Clark en 1967, mais totalement neuve. Imaginez ensuite qu’un de nos amis décide de courir avec en historique, et que pour l’occasion il partage le stand avec Henri Pescarolo. C’est l’histoire qu’on va vous raconter. Nous avons suivi notre ami Piter pendant trois jours à Magny-Cours. 

Retrouver notre émission en podcast audio à la fin de cet article 

Piter, pilote de...F1 ! 

Il faut dire que notre ami a déjà un joli palmarès à son actif. Pilote amateur certes, mais avec une solide expérience dans différents championnats. Ainsi les cinq dernières années nous avons pu voir notre ami au volant d’une monoplace Dallara de GP2, courir au milieu de Formule 1 ! Oui, les F1 ont souvent une seconde vie et elles courent en BOSS GP. Ce championnat regroupe ce qui se fait de mieux en terme de performance avec des Jaguar F1, des Torro Rosso, une Benetton ou encore des voitures de Champcar ou de GP2. Des pilotes souvent milliardaires qui sont capables d’engager des sommes folles dans ce championnat. Pour Piter l’équation était différente, il nous raconte : “Dans le paddock de BossGP, il y avait un concours de motorhomes alignés et un trou au milieu. C’était notre emplacement, avec deux chaises de camping et une table pliante.” Piter a fini plusieurs fois, dont l’an dernier Vice-Champion de BOSS GP. Mais n’avait il pas envie de tenter le titre avant de se retirer : “Ce qu’on a fait, avec nos moyens, et notre voiture, c’était un peu notre maximum. Toute l’année, je faisais en sorte de ne jamais sortir ou taper. Parce qu’on avait un ou deux ailerons seulement. Un aileron c’est 20 000€, quand tu tapes c’est la facture minimum. Les autres en face roulaient avec des F1. Si le gars détruit sa Benetton ou sa Torro Rosso, il en a une autre dans le camion et peut rouler l’après midi. Quand tu fais second du championnat derrière un milliardaire qui est très rapide, mais qui en plus dispose de moyens presque illimités, tu sais que tu pourras pas faire mieux”. me précise Piter. 

Philippe, le fidèle ingénieur

Philippe l’ingénieur de la voiture de Piter me raconte : “Souvent, on ne changeait pas les pneus. Piter me disait, “allez on garde ceux là, ça va le faire. Mais en fait on avait pas les moyens de les changer. Une fois je lui ai proposé de dormir dans la voiture pour économiser sur l'hôtel. Mais il n’a pas changé les pneus pour autant !” Les deux compères éclatent de rire à l’évocation de ces souvenirs. On sent une vraie connivence. “Ca fait 40 ans que je fais ce métier” me précise Philippe. “J’ai passé des centaines de week-end à démonter des bagnoles dans les stands. Souvent sans dormir du week-end, après avoir conduit le camion pendant des milliers de kilomètres. Je me suis souvent demandé ce que je foutais là, le dimanche matin à 4 heures du matin quand tu es seul dans les stands et que tu dois remonter un moteur dans le froid. Mais la meilleure réponse, c’est le dimanche soir. Quand tu es au pied du podium et que ton pilote soulève la coupe. C’est ça qui te rappelle ce que tu fous là. Et puis de toute façon je sais rien faire d’autre, j’ai toujours fait ça. Crois moi, en souvenirs, ça fait quelques vies de postier”. Philippe Marcello est capable de démonter une Formule un les yeux fermés. Mais c’est surtout un vrai passionné, fidèle, qui fait ça par amour du sport automobile. 

Une F1 Lotus de 1967, neuve 

Un nouveau challenge. L’envie de découvrir d’autres choses et de se remettre en cause avec du nouveau matériel, une nouvelle approche. C’est ce qui a poussé Piter a revendre la GP2 et à se mettre en quête d’une réplique de Lotus 1967 pour débuter en historique. Notre ami savait qu’une reconstruction de la célèbre monoplace de Jim Clark avait été réalisée pour le tournage d’un film. Une fois les quelques scènes réalisées, la monoplace avait été remisée chez un Suédois. La traque durera plusieurs années. Jusqu’au jour où Piter contacte le vendeur qui lui affirme tantôt que la voiture est en ruine, tantôt qu’il ne possède pas de modèle. Après plusieurs contacts infructueux, c’est finalement le fils du propriétaire qui apporte une réponse. La mémoire de son père est défectueuse et la voiture est non seulement disponible, mais comme neuve. Encore fallait il convaincre le vendeur. Piter accroche un plateau à son fourgon et file en Suède pour aller la chercher. Il reviendra avec le plateau vide, les négociations n’ayant pas abouties. Finalement, quelques jours après un transporteur ira chercher la voiture. Ironie du sort, la même société de transport avait déjà convoyé la Lotus originale de 1967 ! 

Un modèle légendaire 

La Lotus 49 est restée dans les mémoires pour plusieurs raisons. Conçue par Colin Chapman et Maurice Philippe, elle court de 1967 à 1970. Elle devient la première monoplace de F1 à moteur porteur à gagner un grand prix. Graham Hill lui offre le titre constructeur et pilote en 1968 et participe au sacre de Jochen Rindt en 1970. La voiture de Graham Hill, championne du monde a longtemps été exposée dans la collection privée Setton, en France. C’est l’unique exemplaire restant. L’autre exemplaire est donc la reconstruction de Piter. Un exemplaire que Pescarolo signe le premier jour des Classic Days, tout en nous racontant ses souvenirs avec Jim Clark. On vous raconte ça dans le prochain épisode. 

Une reconstruction fidèle 

Si à l’époque la Lotus était équipée d’un Ford-Cosworth DF V8 à injection de 32 soupapes de 2993 cm3 développant entre 420 et 440 ch, la reconstruction de Piter opte pour un V8 Chevrolet. Une solution retenue par Stuart Taylor Motorsport, concepteur de cette voiture. C’est bien la seule entorse faite à l’histoire tant cette réplique semble identique en tous points au modèle original. 
Elle replonge dans cette époque bénie située entre deux moments forts de l’histoire de la F1.

Les années 50/60 avaient vu les moteurs se déplacer de l’avant vers l’arrière. Une révolution à l’époque en terme de performances. Plusieurs années plus tard, l’apparition des ailerons allait changer à jamais l’apparence des voitures de course. Cette Lotus 67 se situe pile entre ces deux évolutions. Cela se confirme au volant, comme me l’explique Piter : “ça n’a absolument plus rien à voir avec une monoplace moderne où tout se joue sur l’appui et les forces latérales. Là c’est le pilote qui doit se bagarrer pour maintenir la voiture sur la piste. Avec une F1 moderne, tu luttes pour encaisser les G”. 

Tout est à faire

Les Classic Days de Magny-Cours étaient l’occasion rêvée de faire rouler la voiture sans pression. La première sortie du week-end va doucher les espoirs de Piter et Philippe d’en apprendre un peu plus sur l’engin. Dans le stand voisin, un certain Henri Pescarolo sort des stands, suivi de près par la Lotus de Piter. Mais arrivé au bout des stands, la Lotus stoppe d’un coup. Plus rien ne s’allume. Retour aux stands. Nous assistons alors à un moment sympa. Madie Pescarolo, la femme d’Henri vient me voir et me dit : “C’est une panne éléctrique ça, à tous les coups”. Cinq minutes après, Henri Pescarolo va voir Philippe qui s’agite autour de la monoplace pour prendre des nouvelles. Il revient et me dit au passage : “C’est un problème électrique, un capteur ou une connerie comme ça”.  Pendant ce temps là, Philippe Marcello teste les éléments un à un pour trouver d’où vient la panne. La réponse tombera quelques minutes plus tard : “C’est un capteur.” La suite sera plus réjouissante avec des séries de tours rassurants. “Mais tout est à faire sur cette voiture. Il n’y a pas de barre stabilisatrice par exemple ou de verrouillage de boîte. Pour ce qui est du moteur, on a pas dit notre dernier mot…” Piter descend de la dernière session avec un grand sourire, cette monoplace construite en 2014, va connaître une seconde vie. Piter et Philippe vont continuer à parcourir l’europe dans leur petit fourgon avec le plateau derrière. 

 

Réplique Lotus 67 

Constructeur : Stuart Taylor Racing Ltd / Angleterre. 
Moteur : Chevrolet LS1 5,3 litres V8
Boîte de vitesses: 930 Turbo 4 vitesses 
Freins : AP-Racing Brakes
Réservoir : 25 litres 
Poids : 650 kg 

Retrouvez notre reportage vidéo sur Peter aux Classic Days : 

Ainsi que notre reportage sur le voisin de stand, Monsieur Pescarolo ! 


 

Nicolas Laperruque 

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