09 mars 2022

Lotus Omega, le go-fast anglais des années 90 ​​​​​​​

La Lotus Omega a bercé ma jeunesse. Je vous raconte le pourquoi de sa création et comment elle est devenue une légende chez les Braqueurs anglais des années 90. Et particulièrement une immatriculée 40RA.

 

Les années 90 nous ont offert de nombreuses autos marquantes. Mais une des plus importantes a été fabriquée par un constructeur généraliste. Opel sur le continent et Vauxhall chez nos amis britanniques. Et pour quelle auto me direz-vous ? la version Lotus de l’Omega / Carlton. Et il faudra à l’époque de longues années pour que la concurrence crée un outil juste comparable. Pour ceux qui ne le savent pas, cette auto est l'une des voitures les plus cool des années 90. Il pourrait même s'agir de « la » voiture la plus cool de ces années. Dans les années 90 les marques de luxe ou de voiture de sport nous sortent les Jaguar XJ220, la Ferrari F40 ou encore la McLaren F1. La Lotus Omega est sortie de nulle part et y est retourné presque à la même vitesse.

Mais avant de reparler en détail de cette auto, je dois vous raconter une anecdote indispensable pour comprendre comment cette berline a été un ovni dans les années 90. L’histoire commence quand une bande de voleurs des West Midlands en repèrent une, la volent et vont l’utiliser pour réaliser leurs nombreux forfaits. Pour ceux qui ne le savent pas, la capitale des West Midlands est Birmingham. Hauts lieux des banlieues industrielles et de la  crise économique récurrente. Mais que cela soit à Birmingham ou dans le reste de l’Angleterre, aucune voiture de police de l’époque ne peut suivre le rythme de la Carlton verte. Le cadre est planté, je vais pouvoir vous raconter la « légende urbaine » qui circule en Angleterre autour de la Lotus Carlton immatriculée 40RA. Donc après avoir volé cette super berline valant 48 000 £ / 480 000 frs nos voleurs fans de berlines sportives se sont mis à cambrioler toutes sortes de magasins des West Midlands.  Ils vont voler Pour environ 20 000 £ de cigarettes et d'alcool dans de nombreux magasins. Bien que la police soit déterminée à les attraper (toujours, surtout dans les journaux), il y avait un problème majeur. Et oui comme nous l’avons dit plus haut, il n’avait rien de performant pour les courser au catalogue des constructeurs généralistes. Dans la Grande-Bretagne des années 90, les forces de police roulaient avec des Austin Métro ou les Opel Astra diesel, dont la plupart ne dépassaient pas les 150 km/h en vitesse de pointe.

La Lotus, elle, pouvait pousser des pointes à plus de 280 km/h. Autant dire que la lutte était inégale, les voleurs étaient déjà loin quand les véhicules de polices tentaient de les prendre en chasse. La « fessée » a été particulièrement brutal lorsque le gang est devenu si arrogant lors de ses forfaits qu’il a oublié toute peur. En effet quand on rentre par effraction dans un magasin en face d'un poste de police, il n’y a plus de limite à la rigolade. Selon toujours la même légende urbaine, la 40RA a été vu pour la dernière fois sur l'autoroute M6, où un hélicoptère de la police l'a perdu, pour ne plus jamais la revoir. La 40RA n'a jamais été retrouvée, mais son histoire perdure et a contribué à rendre iconique la Lotus Carlton. Lorsque les députés anglais ont entendu parler de cette voiture et de sa capacité à distancer n'importe quelle autre auto à 4 portes existante ils ont voulu qu'elle disparaisse. Une loi a été élaborée pour l'interdire, car apparemment rouler avec une berline familiale a plus de 280 km/h en Angleterre était "déraisonnable". Malheureusement pour le gouvernement de gracieuse Majesté, GM n’a pas beaucoup été préoccupé par cette demande. GM a même commenté cette proposition par un message plus humoristique que sérieux : GM se disait prêt à faire une très belle remise à la police de sa gracieuse majesté pour l’achat s’une Carlton Lotus. Mais dans tous les cas ils ne brideraient pas la vitesse maxi de la Carlton Lotus.

Mais faisons maintenant un retour sur l’histoire de la bête. La Lotus Omega est née car GM voulait avoir au catalogue un modèle capable de lutter avec BMW et sa M5 et bien sûr Mercedes avec sa 500E. Mais GM n’avait pas vraiment les compétences en interne pour développer cette super berline en Europe. Chez Vauxhall par contre on avait sous la main le sous-traitant idéal… L’idée vint de donner le développement de cette Super Omega à Lotus. La marque au logo jaune et vert a d’abord poussé Les six cylindres en ligne de 3.0 à 3,6 litres puis l’a coiffée de deux superbes turbocompresseurs Garett. Et comme si cela ne suffisait pas les hommes de lotus lui ont accouplée une boîte six vitesses de Corvette ZR-1. Pour tout dire, aujourd’hui même les manufacturiers de pneumatiques ne s’y intéressent pas. C’est impossible de trouver des pneus neuf pour équiper son train arrière. Tiens ! encore un détail qui démontre l’originalité de l’Omega Lotus, la dimension des pneus n’est pas la même à l’avant et à l’arrière. le moteur-boite de course était jeté dans cette berline de bon père de famille, agrémenté d’un kit carrosserie agressif encadrant des roues énormes pour l’époque (235/40 ZR17 AV et 265/40 ZR17 AR). 

Elle était littéralement plus rapide que tout ce qui roulait à l’époque, même une F40 ne pouvait lutter. Elle est restée la berline de production la plus rapide pendant près d’une décennie. Côté couleur vous aviez le choix entre le vert impérial métallisé et le… vert impérial métallisé ! Les phares sont à double optiques pour libérer des aérations supplémentaires dans le bouclier avant afin de refroidir la mécanique et les turbos un peu à l’étroit sous le capot. A l’époque chez Opel l’aérodynamique est devenue un sujet capital. Ainsi et malgré le kit carrosserie et les grosses roues, la Lotus Omega affiche un Cx de 0,30. 

 Le résultat : 376 ch à 5 200 tr/mn (soit 104,01 ch/litre) et un couple très conséquent de 557 Nm à 4 200 tr/mn. Coté performance, pour cette berline de 1,6 tonnes : 0 à 100 km/h en 5‘8 secondes; 284 km/h en pointe, et le km départ arrêté est réalisé en 24‘‘5.  Seulement 950 Lotus Carlton/Omega ont été vendues, dont environ 285 au Royaume-Uni (le nombre exact est contesté, mais il n’en resterait plus que 70 sur la route plus 119 non roulantes en 2021). Vauxhall et Opel avaient l'intention de construire 1100 voitures, mais la récession économique a fait que les concessionnaires ont eu du mal à placer ces autos à 48 000 £. C’était 480 000 francs de l’époque. Et s’il faut comparer en 1990 une Ferrari Testarossa qui se trainait à 290 en pointe coûtait : 1 170 000 Frs et une 348tb : 617 000 FF.

François Bouet 

 

 

 

 

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