06 juin 2020

Game Over pour Bristol Cars

C’était la dernière marque Britannique de prestige indépendante. Et pas la moins originale. La singularité de ce constructeur était à tous les niveaux. Des produits atypiques, une communication pour le moins discrète, et un seul show room devenu mythique, dans Londres. Après la présentation d’un nouveau modèle, il y a quelques années, on pensait la marque repartie pour de bon, il n’en sera rien. Bristol s’est crashé, pour de bon. 

Retrouvez la version audio ( Podcast de cet article à la fin de cette page )

 

Le tribunal de commerce à tranché 

Comme souvent dans ce genre de cas, le sort de Bristol s’est joué à la barre du tribunal de commerce. La société, fondée dans le cadre de la Bristol Airplane Company en 1945, est désormais liquidée et tous les actifs seront vendus. On a appris la nouvelle par le biais d’une déclaration sur Twitter du Bristol Owners 'Club  (BOC) «Le BOC est très attristé d'apprendre la liquidation de Bristol Cars Ltd. Nos premières pensées vont aux employés dévoués depuis longtemps à l'entreprise, qui laissent un héritage de près de 3 000 voitures magnifiques. »

On a rarement le droit à plusieurs seconde chance

La nouvelle survient neuf ans après que Bristol Cars ai été sauvée de l'insolvabilité par Frazer Nash Research. Son plan pour l'avenir de Bristol comprenait la sortie d’un nouveau modèle, le speedster Bullet,  et la rénovation du show room emblématique de Bristol à High Street Kensington. Une rénovation achevée en 2018. 


Le Bullet avait était bien accueilli lors de sa présentation au Goodwood Hill Festival en 2016. Il s’agissait de la première Bristol depuis la Fighter de 2004. Il était alors prévu d’en produire 70 à la main, dans une usine de Chichester, au tarif de 250 000 £ chacune. Mais personne n’a vu cette biplace à moteur V8 BMW. 

Bullet, le rêve inachevé 

Si on lui en avait laissé le temps, le Bullet aurait permis un retour spectaculaire de la marque. Une marque qui a toujours réussi à faire des voitures spectaculairement bonnes, au mépris d’une précarité financière chronique de l’entreprise. La voiture avait reçu un nom de code digne de James Bond, “Project Pinnacle”. Et ce projet était ambitieux, comprenant une plate-forme hybride, une ingénierie de pointe et un châssis en fibre de carbone.

L’ensemble était convaincant, avec une qualité de construction qui semblait à la hauteur et une esthétique très Bristol.  Rapidement, on mettra de côté la plate-forme hybride pour adopter un plus classique V8 BMW. La vérité était évidemment que personne n’avait le moindre commencement de début de budget pour la produire. Les clients étaient prêts à rouler en Bullet, Bristol promettait de la produire en 2017. Pendant 3 ans, rien de concret ne voit le jour jusqu’à la convocation devant le tribunal de commerce.

Entre deux, Frazer Nash Research Ltd, propriétaire de la société, avait subi une liquidation judiciaire en 2018, mauvais signe. Jusqu’ici Bristol survivait tel un fantôme en entretenant et vendant des vieux modèles de Bristol. On pouvait même trouver sur leur site une liste de Bristol à vendre, restaurées ou non. La sortie de la Bulet devenait de plus en plus hypothétique mais le show room Bristol au coeur de Londres était la preuve que la marque n’était pas morte. 

Quelque chose à sauver?

Selon le club des propriétaires de Bristol, l’association est «activement engagée avec les liquidateurs pour préserver ce que nous pouvons du patrimoine et des pièces de rechange pour les modèles Bristol. Nous espérons que les actifs pourront être conservés en priorité, et qu’un lieu sûr pourra être trouvé pour les archives.”

Le liquidateur se montre lui plus pragmatique «Nous avons déjà reçu de nombreuses demandes de renseignements. concernant les actifs de la société et nous espérons que nous serons en mesure de récupérer une certaine valeur pour les créanciers ainsi que de laisser une certaine mémoire d'un ancien géant de l'industrie britannique. »

Un patrimoine unique 

Ceux qui ont déjà été autorisés à descendre au sous-sol du showroom de Bristol Cars sur Kensington High Street, le savent, l’endroit est riche en documents d’archives. C’est toute la mémoire de la marque qui se trouve ici. Plus de 70 ans de dessins de nouveaux modèles, de plans, feuilles de construction, brochures, notes d'expédition, reçus de vente et divers souvenirs. Une grande partie de cette collection appartenait à Tony Crook, le pilote de course devenu vendeur et ancien directeur de Bristol qui habitait au sous-sol. 

La marque de Tony Crook 

C’est en 1960 que Antony Crook se porte acquéreur de la marque. Il devient rapidement l’unique distributeur de cette même marque. Un constructeur avec un seul et unique point de vente, le fameux show room de Kensington  High Street. Il présente alors une nouvelle gamme propulsée par des moteurs Chrysler V8.

Les Bristol sont raffinées, sportives, élégances, terriblement insolentes et ne ressemblent à rien de connu. Les clients sont célèbres, du roi Hussein de Jordanie à Sir Richard Branson et Noel Gallagher. Crook garde le contrôle de Bristol jusqu'à sa retraite en 2007. Il décède en 2014.

Lorsque Cook se retire de la direction de Bristol, il prédit la disparition prochaine de l’entreprise. La marque ne lui aura survécu que 6 ans, sans sortir aucun modèle. 
Une tranche excentrique de la culture automobile Britannique est arrivée au bout de la route. 

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Nicolas Laperruque 

Souce Goodwood.co /Bristolcars

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