12 janvier 2020

Dome F105 Hara Kiri en Formule 1

Minoru Hayashi est un acharné. En 1965 il construit sa première voiture de course, basée sur une Honda S600. Après avoir construit ses  premières monoplaces dans les années 70, il crée son entreprise. Baptisée Dome, elle est installée à Kyoto et construit des voitures destinées à la compétition, principalement. De la F3, au Mans, en passant par la F3000, Dome franchit toutes les étapes, avant de s’attaquer au rêve ultime : créer une écurie de Formule 1 entièrement japonaise. Mais les rêves sont ils faits pour être réalisés ? 

Etape par étape

Avant de concevoir une Formule 1, Hayashi a pris soin de fabriquer des monoplaces dans des catégories inférieures. L’objectif est de développer le savoir faire de Dome, et d'emmagasiner de l’expérience. Une culture de l’apprentissage faite d’une humilité toute Japonaise. 
Après avoir remporté le championnat Japonais de F3 en 1984, Dome se tourne vers la F3000. Cette catégorie est à l’époque l’antichambre de la F1 et la dernière marche avant la catégorie reine du sport automobile. Dome fabrique ses propres châssis et les F101, F102, F103 et F104 sont toutes motorisés par Mugen-Honda. Marco Apicella remporte la championnat F3000 Japonais en 1994. Fin 1998, le programme F3000 prend fin, Dome a déjà les yeux tournés vers la F1. 

Mise en place du programme F1 

Un pas est franchi au début de l’année 1995, l’entreprise recrute Tadashi Sasaki, directeur de l’équipe Minardi. Akiyoshi Uko, qui était le concepteur de la F104, prend naturellement le rôle de concepteur de la première Dome F1, qui s’appellera Dome F105. On achète alors une boite semi-automatique à X-Trac. Cette transmission moderne, en magnésium et avec 6 vitesses est celle qui aurait du apparaître dans la DAMS GD-01. 

Naturellement le moteur ne pouvait venir que du partenaire Mugen-Honda. Cette évidence provoque une rumeur, qui allait se répandre comme de la poudre et compliquer les affaires de Dome. Tout le monde pensait que le projet Dome était financé en sous main par Honda. En effet la marque nippone avait construit et testé ses propres prototypes de F1 entre 1993 et 1995. Dome ne serait qu’un prête nom pour permettre à Honda de revenir en tant qu’équipe complète, une fois le projet monté.
Cette rumeur persistante fit penser à Goodyear que l’écurie cherchait en commandant des pneus, à récolter un maximum d’informations à destination de leur rival Bridgestone. Devant le refus de Goodyear de leur vendre des gommes, Sasaki doit prendre l’avion pour le GP d’Australie de Melbourne pour y rencontrer les patrons. Après d’ultimes garanties, Goodyear finira par vendre des pneumatiques à Dome. Mais, pas totalement convaincus les américains finiront par envoyer des gommes vieilles d’un an, dans leurs configurations les moins rapides. Au moins Dome pouvait maintenant développer et tester sa monoplace !

Une F1 qui roule 

Le 17 m    ars 1996 est un grand jour chez Dome, la monoplace est enfin prête, et va pouvoir commencer à rouler en tests. Pour cela il faut des pilotes. Marco Apicella, champion de F3000 japonaise deux ans avant est le premier recruté. Il est  rejoint par Naoki Hattori, champion de F3 et Shinji Nakano, pilote Dome en F3000. Pour développer une F1, n’importe quel patron d’écurie vous dira qu’il faut des pilotes d’expérience. Le moins que l’on puisse dire c’est que les recrues de Dome ne remplissent pas ce critère. Marco Apicella a bien une expérience en F1. Embauché par Jordan au GP d’italie 1993, il abandonne au bout de 800 mètres et ne retrouvera jamais de volant. Quand à Naoki Hattori, il a bien tenté de pré-qualifier une Coloni C4 à deux occasions, mais sans succès. 
Les essais à Suzuka suscitent beaucoup d’espoirs chez Dome. On va enfin pouvoir mesurer les performances de la F1 maison. L’ambition baisse d’un cran avec un meilleur temps en 1.46.270. En comparaison, Williams Renault avait réalisé un 1.38.909 sur le même circuit quelques temps auparavant. Cela met la Dome à plus de 3 dixièmes de la barre des 107%. Cette règle qui interdit à une monoplace de participer si elle fait un temps en au delà des 107% de la pole. 

C’est pas la F1 du siècle, mais il convient de relativiser. Il s’agit des premiers essais, réalisés par un pilote Japonais peu expérimenté, et avec des pneus n’étant pas les plus tendres. On pense encore à ce moment que la Dome vaut bien une Minardi ou une Ligier. 
Les essais continuent, et en avril 1996, 550 kms sont parcourus, puis 900 en mai. La voiture continue à s’améliorer, les problèmes de freins sont résolus, le comportement devient plus sain et de temps en temps on colmate les failles. 
Pourtant une fuite d’huile, va marquer un premier coup d’arrêt au programme F1 de Dome. L’huile bouillante, s’échappe de la boîte de vitesse, et s’écoule sur l’échappement encore plus chaud. La voiture est engloutie par les flammes. Le seul et unique châssis F105 est détruit. 

Le rêve s’éloigne 

Cet incendie se produit à un stade où les défauts de jeunesse de la voiture nécessitent un développement plus poussé. Il faudrait reconstruire une monoplace, reprendre les tests, et fabriquer de nouvelles pièces. Malheureusement l’argent commence à manquer sérieusement. Pire, malgré le concept d’une écurie 100% japonaise, les sponsors Nippons de se bousculent pas au portillon.  Il faut se rendre à l’évidence, le projet d’une participation au championnat 1997 n’est pas tenable. 


On commence à repousser le projet à l’année suivante mais un changement de réglementation fait de la F105 une voiture déjà obsolète. Pour continuer il faudrait repenser une nouvelle monoplace, prenant en compte les nouveaux règlements, établir une base en angleterre et poursuivre les essais sur des circuits européens.  
Honda, qui n’a jamais été le commanditaire de l’affaire, à déjà lancé de son côté Honda HRD, une structure de course qui conçoit la RA099, une monoplace 100% Honda. 
Dome ne pourra plus compter sur la marque pour un quelconque soutien. La fenêtre de tir vient de se refermer. 

Le petit prince “dessine moi une F1”

L’idée d’une écurie 100% Japonaise est morte née mais rien n’empêche Dome d’essayer de revendre le projet à un investisseur désireux d’entrer en F1. A cette époque, un personnage commence à arpenter le paddock avec des projets derrière la tête. Le Prince Malik Ado Ibrahim est officiellement un héritier du trône des Igbos, un peuple du sud-est du Nigeria et il est très riche. La vérité c’est qu’il existe au moins 80 familles royales différentes au Nigeria, qu’il est totalement impossible de vérifier qu’il soit Prince de quoi que ce soit, ou qu’il dispose de plus de 10 dollars d’avance.

Le Prince est même un peu mythomane, puisqu’il n’hésite pas à déclarer à qui veut l’entendre qu’il a couru les 24 Heures du Mans, sans jamais apparaître sur aucune liste de participants. 
Avant de couler définitivement l’écurie Arrows, le Prince de LU s’intéresse au projet Dome. L’affaire ne se fera pas, le Nigerian voulait que son équipe fasse ses débuts en 1999, délai jugé impossible par Dome. Après quelques tentatives d’obtenir un Mugen-Honda, puis un Supertec, les semaines passées et tout naturellement le Prince sans rire finit par abandonner le projet. 
Dome ne fera jamais de nouvelle tentative de création d’écurie. 

Nicolas Laperruque 

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source : http://dome-museum.com/038_domef105.html
 

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