Mon frère Roland et moi roulons dans des trucs bizarres et variés, il nous arrive d’avoir des pannes, mais à chaque fois qu’on a pété le moteur, c’est moi qui étais au volant… Quel privilège !

Nous sommes au CITRORACING 2010 qui se déroule sur le mythique circuit de Montlhéry. La rencontre est le rendez-vous annuel des passionnés de modèles sportifs de la marque au double chevron et de Panhard. Notons que l’association s’est ouverte aux Peugeot il y a une paire d’années. Ce week-end est l’occasion de rouler sur circuit avec son auto. Plusieurs catégories existent allant des anciennes aux modernes, en passant par les monoplaces ! Roland vient d’acheter une MEP, une petite monoplace à moteur de Citroën. MEP pour Maurice Emile Pezous qui était concessionnaire de la marque à Albi et qui a créé entre autres, des monoplaces d’initiation très efficaces à moteurs Panhard, puis Citroën. Celle que Roland a dégotée est une X27 équipée d’origine du premier moteur flat 4 refroidi par air 1015cc des premières GS. Ce moteur qui a subi une cure de vitamines par l’adjonction d’une paire de carbus Weber IDF40, d’arbres à cames spécifiques, volant moteur allégé, pistons, culasses, allumeur etc préparés, développe 78ch au lieu des 50 d’origine. Cette petite cavalerie emmène à bon rythme les 400kg tout mouillés de la fusée appelée alors Formule Bleue.

Roland n’a pas la chance de trouver un exemplaire « état concours », le moteur ayant été remplacé par un moteur 1300cc de GSA X3. Si nous n’avons jamais su a quel point la préparation de ce moteur était poussée, je peux vous affirmer que l’auto roulait bien. Elle avait visiblement les carbus de la MEP, le volant moteur allégé, l’allumeur spécifique et sans doute les arbres à cames, quant aux culasses… On n'a jamais vérifié. Le plus important étant sans doute la présence de la bv5 qui, contrairement aux modèles d’origine, nous permettait de soulager un peu le régime moteur dans les lignes droites. Bref, elle roulait bien quoi.

Alors que c’est notre première sortie avec l’auto, nous comptons bien nous amuser et nous nous partagerons les sessions le long du weekend… Enfin, si tout va bien. Le moteur et les freins viennent d’être révisés. Et cette fois-ci, depuis une malheureuse expérience avec des vieux pneus secs, nous avons monté des Michelin tout neufs. Des E3A en 165R13 car les XAS FF (pour Formule France) en gomme tendre coûtent un bras, et n’étaient de toute façon pas dispos lors de la commande. Vu les boudins « tourisme », on nous charie un peu et on nous prédit des têtes à queues. On aura un autre problème, vous avez deviné ? Evidemment, la réponse était dans l’énoncé… Oui, j’ai pété le moteur !

Nous avons appris lors de ce weekend, un détail important sur les moteurs de GS !

Roland part faire sa session de 20 min. A son retour, il est ravi ! Tout s’est bien passé, l’auto roule bien, il s’amuse. J’attends mon tour en regardant les autres autos évoluer sur la piste. Ça y est, c’est enfin à moi. Je m’installe dans le compartiment exigü du suppositoire roulant, les autos se lancent sur la piste, je découvre le fabuleux circuit de Montlhéry, la partie dans la forêt, les enchainements de courbes serrées, puis enfin l’anneau de vitesse et les virages relevés qui procurent des sensations indescriptibles. Je prends de l’assurance et roule de plus en plus vite, jusqu’à cette épingle de laquelle je ressors « pied planche ». Soudain une déflagration se fait entendre vers le compartiment moteur ! Croyant avoir roulé sur quelque chose, je lève le pied et regarde dans le retro… Rien sur la piste, le moteur tourne rond, rien de sensible niveau châssis, le projectile a du partir vers les bas côtés sans doute… une moitié de tour plus loin, le moteur perd en puissance et finit par caler comme à bout de souffle.

Retour aux stands, tracté par la dépanneuse de service, puis un rapide tour du moteur avec le pro de la MEP Philippe, qui laissera un diagnostic sans appel. Le ventilo d’air forcé s’est désintégré, ce qui a provoqué une surchauffe et une casse moteur. Voila un détail important à retenir pour plus tard, les hélices de ventilo blanches sont à proscrire, les noires, dans un matériau plus souple, tiennent bien mieux dans le temps.

De retour à la maison, nous voilà à la recherche d’un moteur de GSA 1300cc pour remplacer le mort. C’est finalement une AXEL 12TRS qui servira de donneuse d’organes. L’AXEL, qui comme chacun sait était fabriquée en Roumanie, et équipée de moteurs de GSA fabriqués là bas sous licence. Une fois remonté dedans avec toutes les pièces perfo qui vont bien, la MEP au cœur roumain roulera encore quelques années avec nous au volant, lors d’autres CITRORACING, mais aussi CLASSIC-DAYS. Remercions au passage Philippe qui nous aida à régler et fiabiliser l’engin, qui nous procura beaucoup de plaisir et fit preuve d’une fiabilité à toute épreuve. Aujourd’hui, cette auto est dans les mains d’un petit neveu du créateur. Un bon retour aux sources pour cette sympathique auto de course.

Xavier Crouzet, de Classic-Mobil. La seule marque de vêtements et objets vintage qui vous propose des objets avec le dessin de votre voiture. 

Xavier Crouzet