09 août 2020

Arrêté pour excès de vitesse, comment je suis reparti libre




Il y a des jours comme ça où la chance vient frapper au carreau. Je vais vous raconter comment, malgré un excès de vitesse en Nissan 370Z, les forces de l’ordre m’ont laissé repartir libre et sans amende. 

Retrouvez la version audio ( Podcast de cet article à la fin de cette page )

C’est les vacances ! 

Pour rendre hommage au coupé 370Z au moment de l’arrêt de sa production, j’avais demandé à Nissan de m’en prêter un. Oui, c’est un des privilèges du métier de journaliste automobile : on peut emprunter des caisses. Ne vous enflammez pas, il s’agit plus souvent de Fiat Panda que de McLaren, même si j’ai déjà fait les deux. En vérité, cette possibilité d’emprunter des voitures “au parc presse” permet surtout de remplir nos rubriques, de rattraper un essai sur lequel on a pas pu aller, ou de monter un sujet ou un road-trip. Bref, aujourd’hui, je ramène un Qashqai chez Nissan à Trappes et je récupère un 370Z pour les vacances. La belle vie. Après un déjeuner super sympa avec notre ami Cyril Drevet de Turbo (vous nous retrouverez à la rentrée sur M6, on vous en parle bientôt) et l’adorable Emma de Nissan, je reprend la route. Avec une bestiole comme la 370Z, la route s’annonce sympa. 

Itinéraires bis 

C’est pour cette raison, et également pour ne pas engraisser davantage les actionnaires de la SANEF qui gèrent les machines à sous de l’autoroute A13, que je décide de prendre les itinéraires bis. Au départ de Trappes, je file vers Verneuil-sur-Avre pour une pause café chez mon ami François et je trace tranquilou vers Alençon, Falaise, avant d’échouer mon bolide sur les plages du débarquement, face Omaha Beach. Un parcours sympa. Sur le papier. 

Pousse au crime 

Pas facile de pas mettre godasse avec un engin pareil. La 370Z est le concentré de ce que doit être une sportive. Un truc léger, puissant, compact, dédié à la conduite et sans toutes ces putains d’aides à la conduite. Ici ça bip pas toutes les vingt secondes parce que vous avez doublé une marmotte sans mettre votre clignotant. Votre volant n’est pas non plus pris de Parkinson parce que vous avez frôlé une ligne blanche. Bref, ici on se concentre sur le conducteur. Et justement depuis le départ, le conducteur, c’est à dire moi, est extrèmement prudent. Je roule à 80-90 compteur quand c’est 80 et, depuis 50 bornes de 4 voies je suis calé au régulateur à 110 km/h. Comme un putain de mouton. 

Toujours là où il faut pas 

Après quelques dizaines de kilomètres à ce rythme, et alors que je chante tout seul dans ma bagnole le dernier live d’Eddy Mitchell, je me retrouve coincé entre deux gros camions sur la voie de droite. Je laisse passer les voitures qui arrivent derrière moi sur la voie de gauche, je déboite, j’appuie un peu, et je double ces gros serpentins. A l’instant où je me rabat, c’est déjà trop tard. Je vois deux Playmobils bleus sur le bas-côté. Furtivement, mon regard croise celui du moustachu qui ajuste son casque avant de démarrer. C’est baisé. Ils m’ont eu. 

Escorte policière  

Baker et Poncherello ne mettent pas longtemps à me rattraper. Le premier des deux se hisse à mon niveau et me fait un signe de la main autoritaire semblant signifier “je suis la loi mon pote, t’as plutôt intérêt à me suivre”. Ce petit instant entre le moment où le mec vous fait signe et le moment où vous sortez à la prochaine sortie est assez paradoxal. Vous êtes escorté par deux motards, tous gyrophares allumés, mais à aucun moment vous ne vous sentez en sécurité. Vous avez beau être fort mentalement, le doute vous assaille. “Putain, j’étais à combien?, 130?, 140?, bon ça va, j’ai encore mon permis.”. Doute qui ne cesse de grandir au fur et à mesure qu’on approche : “J’espère que c’était bien 110 et pas 90”. 

Le piège 

Alors que je me gare sur l’aire de repos, Je comprend rapidement que je suis tombé dans un piège. Il y a du bleu partout. Plusieurs voitures de gendarmerie et un escadron de motards, disposés fièrement en épi. Ils sont au moins 20. Il y a aussi des PLV “Sécurité routière” avec du personnel à gogo. Mon premier réflexe est de me dire : “C’est baisé, je suis tombé sur une opé presse. Il doit y avoir le préfet, TF1, et l’autre conne de Chantal Perrichon. Je suis bon pour l'échafaud. Avec un bon avocat, je peux prendre perpet. Tiens, d’ailleurs j’appelle qui en premier? Maître Le Dall, le meilleure avocat de la place pour le droit routier ou mon pote gendarme?”. 
A ce moment là, je m’aperçois que le véhicule qui me suivait depuis plusieurs dizaines de kilomètres s’est également arrêté sur l’aire de repos. Je vois dans le rétro de la 370Z que le gars se dirige vers moi d’un pas décidé. Qu’est-ce qu’il me veut lui? 

Coup de théâtre

Le gars vient à mon niveau, frappe à la vitre de la Nissan. “Je vous suis depuis cinquante bornes. J’étais justement en train de me dire que c’était improbable de rouler à 110 avec une caisse pareille. Ils vous ont pris au seul moment où vous étiez en train de doubler. Ils vous arrêtent parce que vous avez une voiture de sport. Ca m’énerve ! Je vais leur dire tiens !” Et le gars de se diriger vers le gendarme qui venait vers moi. Commence alors une explication du “témoin”, qui explique au bleu pourquoi il faut me relâcher immédiatement. C’est alors qu’il va se passer un deuxième miracle. 

La bourse ou le stage 

Le gendarme arrive finalement jusqu’à ma vitre et me lâche un : “ça doit être un vrai pousse au crime cette voiture?, ça fait combien de chevaux?”. Après avoir fait le tour de la fiche technique de mon carrosse discret comme une caisse du Gumball 3000, je lui tend mon permis.
 “Ah mais vous êtes journaliste? Je vois votre carte de presse là”. 
-”Oui j’essaye des voitures, c’est mon métier”. 
“Je vois que vous êtes un bon conducteur, vous avez vos 12 points. La dernière fois que vous vous êtes fait prendre c’était en 2016, à Lisieux! Monsieur, j’ai une proposition à vous faire. Vous vous êtes fait prendre à 136 km/h au lieu de 110. Soit vous prenez l’amende et le point, soit vous faites un stage de sensibilisation à la sécurité routière”. 
-”Je fais ça quand?”
“Tout de suite, ici, ça dure une grosse demi-heure”. 

Les gendarmes n’ont pas de masque

Inutile de vous dire que j’ai choisi le stage. J’étais déjà en retard pour le homard et les huîtres prévus sur la côte ce soir. Je ne suis plus à une heure près. Je me dirige donc vers la personne chargée d’organiser les différents ateliers. L’accueil est très sympa et les explications claires. Tout le monde porte le masque et les différents ateliers sont désinfectés après chaque passage. Enfin, tout le monde sauf la grosse dizaine de gendarmes. Ces gars là sont certainement des sur-hommes qui ne tombent jamais malades. 

On commence sur les chapeaux de roues

Le premier atelier va me mettre directement dans l’ambiance. Il s’agit ici d’assister à un témoignage d’un accidenté de la route. Philippe a eu un accident grave il y a 20 ans. C’est un miraculé de la route. Un nombre d’opérations incalculable, des mois de coma, des séquelles à vie et une vie probablement brisée. Le discours est assez moralisateur, je m’y attendais, sur le mode “faites en sorte de revoir vos enfants”. Toujours est-il que Philippe est touchant, sincère, et qu’il a raison. Si je meurs sur la route, je ne reverrais jamais les enfants que je n’ai pas eu. Le témoignage dure une dizaine de minutes. J’écoute, je comprend, tout le monde joue le jeu. Je le prend comme une piqûre de rappel. Après l’atelier, j’échange un peu avec lui, le gars est sympa. J’espère qu’il continuera longtemps à aider les autres. 

L’heure de l’apéro 

Voici venu le temps du deuxième atelier. On nous propose ici de prendre l’apéro ! Virtuellement bien sur. Le Policier nous demande de verser une dose de Whisky “maison” dans un verre. Sous entendu, la dose qu’on verserait à un ami de passage. L’objectif est évidemment de faire prendre conscience de la différence entre “dose de bar” et “dose maison”. C’est pas inutile même si une fois de plus j’ai rien appris ici. Là aussi, il s’agit d’une piqûre de rappel, qui sera toujours utile. L’alcoolémie au volant fait encore trop de victimes. 

Entre infos utiles et moralisation 

La suite des ateliers est du même tonneau. Tout d’abord un questionnaire, dont j’ai oublié le contenu mais où j’avais tout bon, sauf à une question “Rouler vite fatigue, oui ou non?” J’ai évidemment répondu “Non” devant la mauvaise foi évidente de cette question. Je m’en explique calmement avec la bénévole qui me fait faire le test. “L’inverse est vrai aussi non? Vous savez quelle est la première cause d’accidents sur l’autoroute? L’endormissement. Dites moi que vous vous ennuyez pas à 110” Silence gêné en face. Je continue avec les lunettes censées simuler la consommation de deux verres d’alcool. Là aussi on part d’un bon sentiment. Faire comprendre aux gens les effets sur la vision, l’équilibre, les réflexes, d’une consommation d’alcool de deux verres. Sauf que la démonstration est tellement ridicule qu’elle en perd toute crédibilité. J’ai déjà bu deux verres d’alcool, 4, 6, 8, ou 12 sans jamais être aussi attaqué. Certaines personnes auront peut être ces effets passé 3 ou 4 verres mais franchement si l’alcool vous fait cet effet après deux verres, arrêtez de boire immédiatement. Là aussi on nous martèle “Vous voyez il faut pas boire hein”. Merci Madame, mais je ne suis pas un enfant. Je sais qu’il ne faut pas boire avant de conduire. Je le sais et je ne le fais pas. Parce que je ne suis pas inconscient. Je vous rappelle que j’étais juste en train de doubler deux poids-lourd, je n’ai tué personne en vrai.  

Bilan 

Le ton de l’article pourra sembler un peu léger pour un sujet aussi grave que la mortalité routière. Je l’assume complétement. Je le revendique même. Est-ce que ce stage était une bonne idée? Oui, évidemment. C’est toujours plus intelligent de faire de la prévention. J’applaudis des deux mains et c’est sincère. On critique assez la politique de répression et de racket organisé pour ne pas saluer avec autant de force une tentative de prévention intelligente. 
Est-ce que ça a changé ma façon de conduire? Non. Tout simplement parce que je vous rappelle que je roulais à 110 au régul depuis le départ. Ils ont juste profité d’un endroit désert, en descente, avec une visibilité optimale pour me tendre un piège. Mais en repartant, je me suis remis à 110, ni plus ni moins. Je regarde toujours loin devant, je téléphone pas au volant, et des fois je met même mes clignotants ! En m'arrêtant on m'a avoué à demi-mots qu'en temps normal "on vous aurait surement pas arrêté, en dessous de 130 on arrête pas, on a jamais assez de bécanes pour ça. Et on arrêterait tout le monde". 
Est-ce que je trouve qu’on en fait trop avec la sécurité routière? Oui. Définitivement. 
Oui, on peut mourir sur la route. Avec tout le respect que j’ai pour Philippe l’accidenté, pour les forces de l’ordre, les membres de la préfecture qui ont monté cette opération,  je ne peux m’empêcher de repenser aux chiffres de la mortalité routière. Donc l’an dernier la route a fait 3239 morts en sur les routes de france. L’obésité est responsable de 55 000 décès, l’alcool de 30 000, les accidents domestiques de 16 500 morts, les cancers 147 500… J’ai énormément de respect pour tous les accidentés de la route, leur famille, les victimes, mais il y plus de gens qui meurent en avalant de travers ou en s’étouffant avec un os de poulet, que sur la route. Et pourtant on harcèle pas les gens chez eux en leur rappelant qu’il faut manger doucement, et respirer entre chaque bouchée. Je persiste à penser qu’on sauverait plus de vies en obligeant les gens à passer leur brevet de secourisme, plutôt qu’en leur prenant 90 balles à chaque fois qu’ils doublent des camions. 


 

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