Aujourd'hui je vais vous parler de quelqu'un que j'aimais beaucoup, que j'ai su apprécier en lisant ses exploits et en voyant certaines de ses images en course, c'est Gilles Villeneuve. Le Petit Prince de la vitesse, fan d’hélicoptères et de courses sur route ouverte avec son copain Didier Pironi.

L'homme était adoré du Commendatore mais était aussi quelqu'un d'exceptionnel.  Peut-être pas par son palmarès qui restera relativement restreint : il n’a fait à qu’environ 70 courses et n'as pas gagné tant de choses que ça. Mais comme a pu le dire Jean Louis Moncet, on pourrait raconter une anecdote par Grand Prix couru par Gilles. Et moi je ne vais pas vous parler d’anecdotes de course, mais d’anecdotes autour des courses et des essais de Gilles. 

Je commencerai par sa passion pour l’hélicoptère. Gilles adorait piloter des hélicoptères et en particulier le sien. Il raconte qu’un jour, il emmène un journaliste québécois de ses amis à bord de son Agusta très puissant, énorme avec 6 places. Il s'amuse à grimper en altitude, à couper le moteur, et rallumer le moteur alors que l'hélicoptère commence à plonger. Et il le fait, une fois, deux fois, trois fois, quatre fois.  Au bout de la cinquième fois notre confrère et ami journaliste le suppliait d’arrêter car cela l’angoissait beaucoup… Gilles lui, ça le faisait rigoler.

La deuxième anecdote d’hélicoptère se passe au moment où Gilles allait régulièrement à Fiorano, pour faire des essais hivernaux. Au lieu de venir en voiture (même s’il venait aussi en voiture à l'époque Pironi), Il venait en Hélico à Fiorano. Il y avait peut-être 50-60 km, mais Gilles ne savait pas utiliser les instruments de l'hélicoptère.  Alors il volait à vue. Et une fois, il s'est retrouvé au milieu de nulle part, perdu dans le brouillard. Donc la seule solution c'était de se poser et de se dire : » je me pose et je dors là ». Il était tard, la nuit commençait à tomber et avec le brouillard…. La sécurité avec Gilles … donc il fallait se poser et puis repartir le lendemain matin. Gilles en artiste de l'hélicoptère comme un artiste de la Formule 1 arrive à se poser, trouve un hôtel, va dormir et le matin se lève tôt pour repartir. Et là, qu'est-ce qu'il découvre ? L'hélicoptère posé au milieu de de la place du village avec le marché qui s’est installé tout autour !! Et le voilà qui demande à tout le monde de se déplacer pour qu'il puisse décoller et repartir. 

Il faut considérer qu'à l’époque, Gilles pour les tifosis, pour l'Italie tout entière c'était un demi-dieu. Parce qu'il faisait des « miracles » au volant et bien qu'il n’était pas italien, toute l’Italie l’adorait. Quand on circule en Italie on voit encore aujourd’hui sur certains murs des fresques pour commémorer la mémoire de Gilles. 

La troisième anecdote tourne autour des essais d’intersaison à Fiorano. Et là on parle de l'époque Pironi / Villeneuve. Ils s’entendaient comme larrons en foire, c'est le moins que l’on puisse dire.  Après, hélas, ils se sont aussi haïs de façon terrible.  Quand on écoute Pironi, il dit lui-même qu’il a toujours regretté de ne pas s'être expliqué et peut-être même de s’être excuser auprès de Gilles.  Après leur embrouille d'Imola ils ne se parlaient plus, c’est ce qui a sûrement fait que Gilles a essayé de faire un « meilleur temps » de trop.

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Mais revenons aux essais d'intersaison. Pendant les essais Gilles et Didier se retrouvent à cohabiter dans la même maison dans la campagne à côté de Fiorano. Ils prennent l'habitude de prendre une Fiat 131 fournie par la Fiat, actionnaire de Ferrari pour aller à Fiorano. Ils roulent vite, parce que c'est un petit peu dans leur ADN à tous les deux de rouler vite. 

La première fois, avec la 131 on ne sait pas si c’est Gilles ou Didier qui est au volant, le conducteur tente de prendre un virage un peu trop vite et loupe le virage. La voiture atterrie dans un champ. Pas d’autre solution, les voilà  à remonter à pied à la maison et appeler l’usine et le responsable Presse de chez Fiat (dont je tiens cette histoire). Le brave homme sympathique et sans doute souriant ramène une nouvelle voiture et fait dépanner la 131 qui a atterri dans le champ. Le jour d'après les deux gugusses décident de voir exactement si cela ne passe toujours pas à la vitesse testée la veille. Parce que c'est l'objectif, que ça passe à la vitesse prévu. Mais … ça avait l’air de ne pas vouloir passer… Mais comme nos cocos sont tétus, Le troisième jour cela finit encore dans le champ. Mais là, la 131 est planté au moins 5 mètres plus loin, parce que Gilles ou Didier a essayé de passer un peu plus vite. Nos deux champions, tels des ados vont enchaîner : c'est-à-dire que tous les jours ils vont essayer d'aller de plus en plus loin dans le champ. Ils ne cherchent plus du tout à tourner à la vitesse maxi, mais le grand concours c’est de savoir à quelle distance on arrive à labourer le champ et qui va être le meilleur à ce petit jeu.

A onze 131 Abarth (cela fera sourire et rêver ceux qui sont fan de cette auto) le Commendatore les appela, leur disant que les dégats seraient déduit de leurs salaires si ils continuaient à casser les voitures, ça s’est arrêté à ce moment-là…

Et pour finir une dernière anecdote assez connue. A l'époque le grand jeu entre Villeneuve et Pironi consistait à prendre chacun leur voiture de fonction, une 308 ou une Daytona et partir sur l'autoroute italienne.  Le « jeu » consistait à savoir qui des deux restait le plus longtemps le pied à la planche.  Et donc ça partait, ça roulait et Slalomait sur l'autoroute. Plutôt quand il y avait un peu de monde pour que cela soit plus rigolo. Celui qui lâchait le premier payait le diner du soir. 

En évocant ces anecdotes on comprend mieux aussi pourquoi ces deux garçons exceptionnels ont eu des destins brisés.  C’est le titre d'un livre sur Didier mais qui s’accorde aussi à la vie de Gilles. Tous les commentaires, tous les gens qui les ont connu, disent tous que ces deux gars ne pouvaient pratiquer le sport mécanique, la conduite automobile, l’hélicoptère, l'avion, le bateau qu’à fond. C’était des hommes qui vivaient leur vie à fond…

francois bouet 

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