13 mars 2020

Londres-Sydney 1977, en Fiat 131 Diesel Abarth

À la fin des années 70, Fiat souhaite lancer sur le marché une nouvelle version de sa berline phare : une 131 diesel. Pour la tester, la firme italienne voit les choses en grand et se lance dans une incroyable course de résistance, qui mènera avec succès la 131 de Londres à Sydney.

 

L'annonce de la sortie de la nouvelle 131 diesel lors du Salon de Turin en avril 1978 s’accompagne d’une grande campagne publicitaire hors normes. À des fins promotionnelles, Fiat engage trois voitures de pré-série au raid Londres-Sydney. Une course intercontinentale des plus éprouvantes pour les hommes et leurs machines.

Sous le capot se loge un quatre cylindres diesel de 2.5 litres développant 72 ch à 4 200 tr/min. Pour placer ce nouveau moteur plus encombrant, il a fallu adapter le capot et faire une bosse dessus. Un premier exemplaire de 131 Diesel a été utilisé pour effectuer les essais et la mise au point, avant l'inscription des trois autres berlines au raid. Les autos participant au Londres-Sydney reçoivent évidemment une préparation de la part d'Abarth. Le sorcier italien se penche sur le cas des frêles Fiat pour leur permettre d’être plus endurantes et de résister aux efforts soutenus auxquels elles vont être soumises durant l’épreuve. Sur le pare-chocs, des phares longue portée Cibié Super Oscar sont installés. Les fixations du pare-brise sont renforcées. Les garde-boue démesurés et les jantes sont repris des versions rallye déjà existantes, tout comme l'arceau de sécurité et les crochets de maintien du capot moteur et du coffre.

Le 14 août suivant, les trois Fiat 131 Abarth Diesel se retrouvent sur la ligne de départ à Londres. La n°6 est confiée au tandem français Robert Neyret (spécialiste du Rallye du Maroc) et Marianne Hoepfner (pilote de rallye et de raid). La n°26 est emmenée par un équipage 100% italien : Giancarlo Baghetti (pilote de Formule 1 des années 60) et Tommaso Carletti (ingénieur Fiat, responsable du département des expérimentations chez Fiat). Quant à la n°66, c’est un jeune équipage féminin français qui en prend le volant : Evelyne Vanoni et Christine Dacremont. Les six pilotes chevronnés vont devoir jouer des coudes face aux quatre-vingt autres voitures engagées.

 

Le tour du monde en 45 jours

Partis de Covent Garden à Londres, les équipages se sont élancés en direction de la côte où ils ont embarqués sur le premier ferry en direction des Pays-Bas. Une fois arrivés en Hollande, les voitures ont rallié la Grèce en passant par Amsterdam, Francfort, Paris et Milan. Après 4 jours et 4 nuits de conduite sans interruption, les équipages ont eu droit à un repos bien mérité… en théorie. Avec les retards déjà accumulés, très peu ont pu en profiter réellement.

La partie la plus compliquée s’est profilée aux portes de l'Europe. A partir d’Athènes en passant par Thessalonique, Istanbul, Ankara et Téhéran... C'est par la suite plus de 400 kms de déserts de sel jusqu'à Tabas, en Iran. Ensuite, le parcours a mené les équipages encore en lice en Afghanistan, jusqu'à Kaboul. Puis le passage au nord-ouest du Pakistan, Delhi et Bombay. Une fois à Bangalore, les voitures restantes ont traversé en bateau jusqu'en Malaisie, avant de poursuivre jusqu’à Singapour. Les terres australiennes n’étaient pas non plus de tout repos. Les derniers 13 200 kms ont été parcourus en 7 jours et 16 heures.

À la base, les plus de 30 000 kms du parcours auraient dû être réalisés en 30 jours. Finalement, il en aura fallu 45 pour que les premiers franchissent la ligne d’arrivée, le 27 septembre ! Parmi les 47 concurrents venus à bout du raid figuraient deux 131 Diesel. Résultats : 15ème et 23ème place au classement général, et 1ère et 2ème place des voitures Diesel. Avant même sa présentation officielle, la 131 Diesel avait déjà fait beaucoup parler d'elle de façon élogieuse.

 

Les Abarth 131 Diesel aujourd'hui

La voiture n°6 pilotée par Robert Neyret et Marianne Hoepfner, arrivée 15ème, est restée propriété de Neyret jusqu'en 2010 et n'a jamais été réutilisée en course depuis le Marathon de 1977. Elle aurait été rachetée par Fiat pour faire partie de la collection FCA Heritage. Elle est conservée dans l'état où elle est revenue de l'épreuve, avec ses blessures de guerre. Pour la n°26, nous n'avons pas retrouvé de photos modernes d'elle. La n°66 n'est pas sortie entière de l'épreuve. Son équipage a été contraint à l'abandon après une sortie de piste. La voiture semble avoir été ferraillée par la suite.

 

 

Pour le plaisir des yeux et des oreilles, nous avons retrouvé quelques vidéos du marathon de 1977 !

 

Le départ du Londres-Sydney 1977

 

L'arrivée en Australie 45 jours plus tard

 

30 000 kilomètres en Fiat 131 Diesel Abarth

 

Raphaël Crabos

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